En République démocratique du Congo, huit militaires, dont cinq officiers, ont été condamnés à mort pour « lâcheté » et « fuite devant l'ennemi », ce vendredi par un tribunal militaire de Goma, dans l'est du pays. Cette condamnation est une première depuis la levée du moratoire sur la peine capitale en RDC. Trois soldats ont été acquittés. Tous étaient déployés sur le front au Nord-Kivu face à la rébellion du M23.
Les onze militaires faisaient tous partie du 223e bataillon de réaction rapide de l'armée congolaise. Selon l'accusation, le 24 décembre dernier, ces soldats étaient postés aux alentours de Saké, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de la capitale provinciale Goma, où les combats opposaient l'armée congolaise, ses alliés et le M23 soutenu par le Rwanda. Ils auraient alors fui face aux rebelles, selon le tribunal, qui a donc condamné huit d'entre eux à la peine de mort.
Une version contestée par la défense, qui évoque un verdict joué d'avance et un procès où elle n'a pas pu faire entendre ses arguments. Les avocats et leurs clients ont désormais cinq jours pour faire appel. Trois autres militaires ont pour leur part été acquittés.
Si la peine de mort est régulièrement prononcée dans des procès de militaires en RDC, c'est le premier verdict dans ce sens depuis la levée du moratoire. En effet, depuis plus de 20 ans, la peine capitale n'était plus appliquée dans le pays. Moratoire levé en mars dernier. Une décision contestée par des organisations de défense de droit l'homme et qui a soulevé des questionnements dans certaines chancelleries occidentales.
Le président congolais, Félix Tshisekedi, qui reconnaissait il y a quelques mois des dysfonctionnements dans la justice de son pays, estime dans une interview donnée en milieu de semaine qu'il faut sanctionner les traitres dont « notre armée est malheureusement truffée ».
À relireEst de la RDC: le groupe rebelle M23 affirme s'être emparé de la localité stratégique de Rubaya