Dakar — Le Sénégal a progressé de 10 points dans le Classement mondial 2024 de la liberté de la presse, se hissant à la 94e place, mais perdant 13 points de son indicateur sécuritaire, a indiqué le directeur du bureau Afrique de l'Ouest de Reporters sans frontière (RSF), Sadibou Marong.
"En définitive, le principal enseignement de ce classement 2024 pour le Sénégal est la baisse de 13 points de l'indicateur sécuritaire, avec arrestations, agressions et interpellations, suspensions de médias et coupures abusives d'Internet", a-t-il déclaré.
Certes, "le rang augmente mais le score diminue", a-t-il résumé lors de la présentation, à Dakar, du Classement mondial 2024 de la liberté de la presse
"C'est la raison pour laquelle RSF appelle les nouvelles autorités à faire de la sécurité des journalistes une priorité et à proposer une politique ambitieuse pour que la liberté de la presse soit respectée. Nous avons proposé la mise en place d'un mécanisme de protection des journalistes", a signalé M. Marong.
La liberté de la presse est sous pression politique, a-t-il relevé, faisant remarquer que " la liberté de la presse est de plus en plus menacée par celles et ceux qui sont censés en être les garants".
Il estime que "les acteurs politiques ne protègent pas suffisamment la liberté de la presse", notant qu"'ils en sont parfois les fossoyeurs".
"Cette déresponsabilisation politique va de pair avec une instrumentalisation des médias dans des campagnes de harcèlement ou de désinformation, dans plus de 3/4 des pays évalués par RSF y compris le Sénégal. La majorité des répondants signale une implication des acteurs politiques dans ces campagnes", a-t-il indiqué.
Il recommande aux autorités la suppression de la peine d'emprisonnement pour les infractions de presse, la tolérance zéro à l'égard des attaques contre les médias.
Il préconise aussi des garanties quant à la sécurité des journalistes sur le terrain ainsi que la promulgation de la loi sur l'accès à l'information d'intérêt public.
Il recommande également une garantie de l'indépendance du service public de l'information qui, selon lui, joue un rôle important dans le paysage médiatique et d'assurer une meilleure gouvernance de la publicité dans l'espace médiatique avec un organe de régulation doté de vrais pouvoirs de contrôle.
Entre autres mesures, elle appelle aussi à penser à travailler de concert avec les organisations de médias à ce que l'environnement économique de ces derniers soit favorable.