Afrique de l'Ouest: Nicolas Normand - La France a été trop ambitieuse et trop arrogante en pensant qu'elle pouvait lutter contre le terrorisme dans le Sahel sans s'attaquer aux causes profondes

interview

Nicolas Normand, ancien diplomate français, est connu pour avoir été ambassadeur de France dans plusieurs pays africains, notamment au Mali, au Sénégal et au Congo. Il est aussi chercheur associé à l'IRIS et auteur de l'ouvrage 'Le grand livre de l'Afrique', publié en 2018. Dans cet entretien, il analyse la situation en Afrique subsaharienne et la rupture entre la France et ces pays.

Qu'est-ce qui se passe entre la France et ses anciennes colonies d'Afrique subsaharienne ? Est-ce une rupture, monsieur l'ambassadeur, vous qui avez représenté la France au Mali, au Sénégal et au Congo ?

Il y a deux éléments à prendre en considération, souvent on n'en mentionne qu'un. Le premier, c'est ce qu'on appelle la Françafrique, qui est de moins en moins accepté par les jeunes générations dans la plupart des pays africains francophones au sud du Sahara. La Françafrique, dans l'esprit des Africains, c'est la continuation d'une relation de type néocolonial avec ces pays. Depuis le général De Gaulle, qui a instauré cette relation particulière avec les anciennes colonies françaises en Afrique, il y avait une connivence entre les autorités des pays africains et les autorités françaises. Cela a évolué, mais n'a pas fondamentalement changé jusqu'aux présidences de Sarkozy et Hollande, qui ont vraiment cherché à sortir de la Françafrique.

Cependant, ils n'avaient pas bien compris ce que les Africains percevaient le terme 'Françafrique'. Ce que les Africains perçoivent sous ce terme, c'est la poursuite d'une sorte de tutelle, symbolisée par des bases militaires françaises qui n'ont pas disparu depuis la colonisation. Actuellement, il y en a au Gabon, en Côte d'Ivoire, au Sénégal, au Tchad, et aussi à Djibouti, bien que ce soit un cas à part. Il y a aussi les opérations de maintien de l'ordre en Afrique lors de crises et de troubles. Autrefois, on intervenait même pour remettre en place les présidents, ce qui ne se fait plus. Il y a également le franc CFA, dont le tort est double : on a gardé les mêmes initiales qui signifiaient 'franc des colonies françaises d'Afrique', même si maintenant cela veut dire 'coopération financière africaine'.

Le franc CFA est aussi géré en partie par le Trésor français, qui apporte sa garantie, avec des billets imprimés en France. Sur le plan symbolique, cela touche à une souveraineté, celle de la monnaie, et rappelle donc la colonisation. On n'a pas compris qu'il y avait un problème symbolique. Sur le plan technique et économique, le système fonctionne bien, comme on peut le voir avec la Côte d'Ivoire et le Gabon, qui se développent économiquement, contrairement à la Guinée, qui a quitté le franc CFA et ne s'est pas développée.

Enfin, il y a les opérations militaires de longue durée, comme Serval et Barkhane, qui sont perçues comme des armées d'occupation. De plus, il y a eu de nombreuses maladresses dans ces armées, notamment Barkhane, qui a marginalisé l'armée malienne et les armées locales, communiquant en solo et laissant croire qu'elle avait la solution dans la lutte contre le terrorisme djihadiste.

Alors que ce terrorisme a continué de s'étendre et a augmenté pendant la présence de Barkhane, les populations n'ont pas compris comment une armée moderne, l'une des premières du monde, ne pouvait pas vaincre des insurgés souvent peu équipés « des gens plus ou moins en mobylette avec des kalachnikovs. »

"Il y a donc eu une incompréhension que nous n'avons pas su expliquer, évidemment, parce que nous avons été trop ambitieux et trop arrogants en pensant que nous pouvions lutter contre le terrorisme dans le Sahel sans traiter les racines du problème, sans administrer les territoires libérés des djihadistes.

Ce n'était pas à la France de les administrer, mais aux pays africains. Le Mali n'administrait pas les territoires libérés. Finalement, c'était un jeu de cache-cache avec les djihadistes sur un immense territoire. Et avec 5000 hommes, ce n'était pas possible de gagner, d'autant plus que les Américains, avec 100000 hommes, n'ont pas gagné en Afghanistan. Les Nigérians n'ont pas gagné contre Boko Haram avec une grosse armée, etc. L'Algérie a fini par gagner sa guerre dans les années 90, mais cela a duré 10 ans et il a fallu aussi parvenir à un règlement politique à la fin.

Avec l'absence de l'aide au développement pour dépasser les conséquences de la guerre

L'aide au développement qui était importante est remise en question. D'abord, les termes 'aide' et 'développement' sont deux termes humiliants. On aide des handicapés, des enfants, et on développe des gens sous-développés. Il aurait fallu changer toute l'approche et la conception du développement, pas seulement les termes mais aussi l'approche, car il y avait des injonctions. On leur disait ce qu'il fallait faire, et ces injonctions ont été ressenties comme une nouvelle forme de colonialisme. Encore une fois, les Blancs leur disaient ce qu'ils devaient faire. Cela a été très mal perçu, d'autant que cela n'a pas développé les pays en plus.

S'il y avait eu un changement, les gens auraient dit : 'Bon, il faut passer par là.' Comme pour Barkhane, ils auraient dit : 'On a été humiliés, mais au moins il y a des résultats.' Or, il n'y avait pas de résultats, ni dans le développement ni dans la sécurité.

Pourquoi, à votre avis, y a-t-il eu ces doubles échecs ?

Pour les raisons sécuritaires, on ne peut pas vaincre sans traiter les causes du mal et sans administrer les territoires. On revient aux raisons du djihadisme : ne traiter que par le volet militaire est insuffisant. La France ne traitait que le volet militaire de manière imparfaite, parce qu'une armée conventionnelle ne peut pas non plus traiter une guérilla.

Pourquoi l'Agence de développement n'a-t-elle pas joué son rôle ?

Parce que le développement n'est pas une affaire d'aide extérieure, c'est une affaire intérieure, de bonnes institutions, d'un niveau d'éducation élevé, d'investisseurs étrangers qui sont attirés par le pays.

Le manque de sécurité juridique, entre autres, a empêché le développement. Les conditions nécessaires au développement n'étaient pas réunies, et l'aide seule ne peut pas provoquer le développement. Bien que l'aide ait apporté certains services comme l'électricité, des routes et de l'eau potable, elle n'a pas engendré un véritable développement économique. Elle a été plutôt une forme d'assistance sociale, un peu comme les Restos du coeur, qui ne résout pas les problèmes de fond ni traite les causes profondes.

La déception de la population a donc mené à un rejet, car si cela ne fonctionne pas, c'est perçu comme intentionnel. L'aide au développement est vue comme un moyen de domination, et l'aide sécuritaire comme hypocrite, avec des accusations selon lesquelles elle soutiendrait en sous-main les djihadistes pour créer le chaos. Cette perception persistante d'une logique coloniale est étrange, ils pensent que la France est derrière les djihadistes, comme en témoigne une plainte officielle au Mali et au Burkina Faso contre la France.

C'est dans cette absurdité et cette psychologie qu'il faut comprendre le problème. C'est l'aspect français, marqué par de nombreuses erreurs, notamment la communication unilatérale de l'opération Barkhane, comme si nous étions sur un territoire conquis. Cela a été une grave erreur, tout comme les injonctions du président Macron, qui n'a cessé de dicter ce qu'il fallait faire ou ne pas faire. La convocation des présidents de ces pays à Paris par Macron a été perçue comme une humiliation, tout comme sa critique des putschistes, considérés comme un régime illégal et illégitime. Cela a été un excès de zèle par rapport à d'autres pays.

Les erreurs viennent-elles de l'Elysée ou du Quai d'Orsay qui n'a pas su conseiller la présidence ?

Oui, ce sont des erreurs, des mauvais conseils, ou les deux à la fois. Le Quai d'Orsay, marginalisé ou manquant de compétences, n'a pas cherché à comprendre la culture de l'autre et à se mettre à sa place. Nous avons réagi en tant que Français, comme si les Sahéliens pensaient comme nous, sans tenir compte du fait que les trois quarts ou les deux tiers de la population sont analphabètes. Les gens ne réagissent donc pas de la même manière. Nous ne nous sommes pas adaptés au contexte culturel et sociologique. Les fautes françaises sont donc claires."

Il y a tout de même une accumulation d'erreurs dans ce dossier des relations avec l'Afrique. Oui, il y a une accumulation de fautes, c'est clair, mais cela ne suffit pas pour expliquer le degré énorme de rejet. Ce n'est pas absolument partout, mais surtout chez les jeunes activistes, dans les villes, ceux qui sont sur les réseaux sociaux donc qui ne sont pas analphabètes, mais qui ont une éducation assez faible. Mais quand même, ce sont eux qui sont au coeur des gens qui sont anti-français et qui manifestent constamment contre la France sur les réseaux sociaux et dans la rue. Alors il faut rajouter un élément propre à l'Afrique. Ça veut dire que même si la France n'avait pas commis de faute, il y aurait eu quand même un rejet de la France. Pourquoi ? Parce qu'il y a d'abord le passé colonial qui n'a pas été soldé.

La France n'a jamais fait d'excuses, de repentance, etc. Et dans l'idée des gens qui n'ont pas connu la colonisation, c'est encore pire que ceux qui l'ont vraiment connue, c'est-à-dire qu'ils fantasment un peu sur la colonisation, ça a été une humiliation, c'est certain. Il n'y a pas de doute là-dessus, mais elle n'était pas forcément un pillage généralisé non plus, et des tueries généralisées enfin, mais ils ne sont pas dans la nuance. Pour eux, la colonisation, c'était le mal absolu, un peu comme nous avec l'occupation nazie, quoi. On est vu un peu comme ça. Les nazis, ce n'était pas seulement des Allemands, c'était des Allemands particulièrement méchants.

Ce qui est très important, c'est qu'il y a le fait que ces pays ne sont pas développés, les Etats sont squelettiques, n'ont pas de services offerts à leur population. Il n'y a pratiquement pas d'école, pas de médecine, etc. Le système éducatif est totalement délabré voire inexistant dans de vastes zones. Il y a de vastes zones rurales où l'Etat est absent.

Quand il est présent, c'est souvent des fonctionnaires prédateurs. Donc l'Etat est devenu un problème et ne fonctionne pas. L'Etat est dysfonctionnel. Ce n'est pas seulement une question de démocratie ou de dictature. Alors c'est vrai que les démocraties sont rejetées en tant que démocratie. Mais si c'étaient des dictatures, elles seraient rejetées de la même façon parce que dans les deux cas, c'est un dysfonctionnement de l'Etat et en plus, il y a l'explosion démographique qui est un phénomène fondamental qui fait qu'il y a une énorme jeunesse qui arrive à l'adolescence ou à l'âge adulte, à l'âge de travailler. Je rappelle au Niger, la moyenne d'âge est de 14,7 ans, moins de 15 ans et dans les autres pays, la moyenne d'âge est inférieure à 18 ans et donc c'est très important.

Et cette masse de jeunes, ils arrivent à l'âge où ils devraient avoir une occupation et ils n'en ont pas, parce qu'ils n'ont pas été à l'école. Et je peux vous donner des statistiques là-dessus, 55% des enfants sans aide ne vont pas à l'école primaire et sur ceux qui vont à l'école primaire, 40% en sortent analphabètes.

Alors c'est vrai que l'école est en français, que ce n'est pas leur langue, etc. Il y a des difficultés particulières, mais ces difficultés n'ont pas été traitées, n'ont pas été résolues. Et donc, l'école dysfonctionne ou est absente. Cette jeunesse qui arrive à l'âge où elle devrait pouvoir trouver un emploi, un avenir, une perspective, même une épouse, etc., pour les garçons ou les filles, la situation est la même.

Eh bien, ils sont dans une situation de détresse, en fait, même de détresse physique pour se nourrir. Ils se rebellent, ils se radicalisent. Alors ceux qui sont dans les zones rurales sont facilement recrutés par les groupes djihadistes à cause de cette radicalisation.

Il y a ensuite l'islamisation ou bien l'idéologisation de leur radicalisme et l'islam s'est en lui-même radicalisé par l'extension du salafisme, venu des pays du Golfe qui ont répandu le wahhabisme, le salafisme contraire aux confréries locales Tijania ou Kaderriya ou autres, etc. La jeunesse rurale aspire à un modèle islamo-révolutionnaire et considère que s'ils sont dans une situation de détresse, c'est à cause de l'Etat et c'est à cause du principal partenaire de l'Etat qu'est la France et les pays occidentaux, donc ils se rebellent contre l'Etat, d'où l'épidémie de putsch. On a vu au Burkina qu'il y avait encore une tentative (novembre 2023).

Cela aurait été la 3ème en quelque temps, en un an. Ils se rebellent contre les institutions et contre les partenaires occidentaux, et aussi contre la démocratie et contre le régime impie si vous voulez, corrompu, réputé impie. Et ils pensent à tort certainement que les djihadistes leur apporteraient la solution via le califat. Le califat islamique, on ne voit pas en quoi il résoudrait les problèmes économiques et d'emploi des jeunes, mais c'est leur espoir. Ils rejettent même le modèle qu'ils appellent pro-occidental. Le modèle occidental. Et dans les villes, c'est la même chose. Sauf qu'ils sont moins aspirés par la religion et ils sont plus aspirés par l'homme fort, le militaire, le militaire qui va défendre la nation, une figure.

On pourrait le considérer comme un réveil du nationalisme à l'africaine

Ça s'appelle du néo souverainisme et du populisme. On a vu par exemple le général Abdourahmane Tiani quand il a fait son putsch au Niger. Son premier discours n'était pas du tout anti français, au contraire. Il a même remercié les partenaires du Niger. Premier discours et rapidement, il a compris que dans le manuel du putsch réussi, il faut absolument avoir un discours anti français. Si vous n'avez pas un discours anti français, vous ne pouvez pas réussir votre putsch.

Il s'est développé un discours anti-français et, du coup, il est devenu populaire comme ça. Et c'est le résultat quand même de la démographie et de l'absence de développement et de services par l'État. Donc ça c'est indépendant de la France quand même. Si vous voulez ça, c'est un phénomène endogène aux pays africains, C'est vrai que ces pays ont peu de ressources naturelles, surtout ils sont enclavés, donc ils ont des handicaps naturels. Mais surtout l'explosion démographique leur cause des problèmes majeurs.

Parce que les écoles ne peuvent pas suivre, la population en âge de travailler est réduite proportionnellement. Il n'y a pas d'épargne parce que quand vous avez deux épouses qui ont chacune sept enfants vous ne pouvez pas épargner. Donc s'il n'y a pas d'épargne, les banques n'ont pas d'argent pour prêter pour investir. Enfin, c'est tout un cercle vicieux de sous-développement économique qui est lié aussi à la démographie si vous voulez.

Pourquoi l'aide au développement n'a pas marché ?

Eh bien parce qu'elle ne peut pas marcher dans un contexte de ce genre.

Quand on lit la presse et qu'on entend les politiques en France, quand on analyse cette situation, elle présente les Africains comme s'ils sont manipulés par l'étranger sans prendre en considération que c'est une nouvelle réalité et que la société africaine a subi des changements au cours des dernières décennies. Les Africains aspirent à avoir d'autres partenaires et d'autres horizons que ceux classiques

Il est normal, effectivement, que les pays africains diversifient leurs partenariats, c'est tout à fait nécessaire, il n'y a aucun problème là-dessus, mais ce n'est pas ça qui est en cause. Ce qui est en cause, c'est le sentiment anti-français qui existe indépendamment de toute ingérence hors des frontières, cela a été exploité par la Russie. Elle l'a fait non pas pour des raisons propres aux pays africains, mais elle l'a fait pour sa querelle avec les pays occidentaux, donc elle exploite les faiblesses françaises, le talon d'Achille de la France si vous voulez, un peu pour embêter les Français, pour chasser les Français mais les Russes n'ont pas l'intention d'investir en Afrique et leur influence est temporaire. Et ce, parce qu'ils vont devoir s'ouvrir, parce qu'ils n'ont rien à apporter, ils n'ont pas d'aide au développement à apporter, ils vendent leurs armes, ils vendent leurs services, ils ne sont pas engagés à garantir la sécurité. Ils ont envoyé des mercenaires qui sont des criminels sortis de prison qui assassinent les civils et de façon indiscriminée avec les terroristes.

A la limite, on peut se demander si la Russie ne souhaite pas justement la déstabilisation du Sahel en jetant de l'huile sur le feu sur place, eux n'ont pas d'impact en cas de déstabilisation du Sahel alors que l'Europe occidentale aurait un impact éventuellement sous forme de terrorisme, si Daech arrive à s'enraciner dans des zones qui sont totalement hors contrôle.

Pour l'instant, les cadres de Daech sont surtout en Syrie, en Irak. Mais ils sont en liaison avec les gens du Sahel. Le problème des gens du Sahel, c'est qu'ils ne sont pas arabisants, ils ne parlent pas arabe. Comme le djihadisme est censé être une révolution religieuse de l'idéologie salafiste, ce sont quand même des cadres, ils ne sont pas des gens analphabètes, donc il y a des cadres mieux formés au Moyen-Orient, qui comprennent le Coran dans le texte et qui peuvent leur dire non, votre interprétation n'est pas bonne. Et ils ont une interprétation évidemment déviante du Coran, une interprétation violente du Coran que le Djihad doit faire la guerre à tous les impies, etc.

Je sais bien que dans le Coran, il est écrit qu'il n'y a pas de contrainte en religion, des choses comme ça. Donc c'est une religion tolérante, mais ce n'est pas du tout l'interprétation de ces salafistes djihadistes.

Au départ, c'est une révolution économique et sociale, mais si vous voulez, le fait de mettre la religion là-dedans est important, parce que chez les djihadistes, il y a d'anciens criminels qui étaient des coupeurs de route et tout, et là on leur donne une légitimité, on leur dit vous faites ça, c'est avec l'approbation divine, si vous faites ça pour la bonne cause, ça légitime leur larcin, leurs assassinats, etc. C'est une façon de légitimer la violence.

Y a-t-il une intention que ce soit à l'Elysée ou au Quai d'Orsay de revoir les relations avec les partenaires ?

La situation actuelle est instable et transitoire. Les putschistes au Burkina, au Mali et au Niger sont dans l'impasse parce qu'ils ne bénéficient plus des financements occidentaux dont ils ont absolument besoin. Donc, cette situation ne peut pas durer longtemps, ça va durer un an ou deux, mais au bout d'un moment ça s'arrête, les caisses sont vides, au bout d'un moment, ils ne peuvent plus payer leurs militaires, leurs policiers, leurs fonctionnaires.

La Chine a investi en 2016 28 milliards de dollars et en 2022 moins de 900 millions de dollars, comment expliquez-vous ce grand recul ?

C'est un autre sujet, ce sont les prêts chinois, les Chinois ne vont pas prêter à des pays insolvables. Les pays du Sahel sont particulièrement insolvables, je veux dire, ils ne se développent pas, ils régressent. On est dans une situation transitoire.

La question est de savoir vers quoi ça va déboucher. Alors ça peut déboucher d'abord sur des troubles internes, certainement au sein des gentes militaires et sans doute ils vont s'entretuer où il va y avoir du grabuge entre eux, en tout cas des coups d'Etat ou autre entre eux. On le voit bien au Burkina où ça chauffe un peu dans l'armée.

Il va y avoir des gens qui vont vouloir se réconcilier avec les pays occidentaux, avec la France, il va y avoir. Ça va être une des tendances au sein des directions.

Certaines factions résisteront pour des raisons idéologiques, ce qui engendrera inévitablement des troubles, des problèmes d'emploi et des conflits internes. Sur les plans militaire et sécuritaire, les autorités sont dépassées par la situation. Au Mali, par exemple, l'ouverture d'un ou deux fronts contre les séparatistes a été une maladresse.

L'accord d'Alger, qui visait à régler politiquement certains problèmes, s'est avéré complexe à mettre en oeuvre. Il est important de noter que tous les Touaregs n'étaient pas rebelles ; seuls certains groupes très spécifiques se sont insurgés. Le conflit interne, exacerbé par la présence de factions anti-séparatistes, est une affaire compliquée.

Caen : Forum de la paix

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