A quelques heures de la fin de la campagne, les critiques portent sur un processus électoral dont on connaît quasiment l'issue, avec la victoire annoncée du président de la transition militaire, Mahamat Idriss Déby.
Entamée officiellement le 14 avril, la campagne électorale pour l'élection présidentielle du 6 mai au Tchad prendra fin 24 heures avant le scrutin.
Bien que l'on compte une dizaine de candidats, pour Ladiba Gondeu, sociologue et anthropologue à l'université de N'Djamena, seuls trois candidats ont pu se démarquer.
"Nous avons le candidat du parti Les Transformateurs, Succès Masra, qui a été en contact direct avec le peuple", expliquait-il sur la DW Afrique ce vendredi. "Dans la même veine, nous avons également le candidat du parti RDNT-Le Réveil, Albert Pahimi Padacké, qui lui également a su être en contact avec son électorat. En revanche, le président candidat a eu une difficulté de communication dans sa campagne, avec une équipe de direction de campagne qui n'était pas vraiment faite pour la circonstance. Il a ramené des personnes ayant servi son papa et souvent « vomies » par les citoyens, à qui les Tchadiens ont attribué l'échec de Déby père," précise l'enseignant.
Des résultats connus d'avance ?
De son côté, la société civile se dit préoccupée par un processus électoral dont l'issue semble claire. Max Loalngar, porte-parole de la plateforme de l'opposition tchadienne Wakit Tama, n'hésite pas à parler d'une mascarade dont il ne faut rien espérer.
"Nous sommes soucieux de la montée de la violence verbale qui a marqué cette campagne. Nous sommes également soucieux du risque de dérapage et du mépris des droits de l'Homme et de la dignité humaine. En dehors de ça, nous le martelons et le répétons : il s'agit d'un processus qui n'est pas du tout sincère, marqué par des institutions totalement inféodées au régime. Tout est fait pour que la monarchisation du Tchad se poursuive", estime M. Loalngar.
Appel au boycott
Max Kemkoye, président de l'UDP, l'Union des démocrates pour le développement et le progrès, explique que si l'UDP appelle au boycott de ce scrutin, c'est parce qu'elle redoute un bain de sang. "C'est une élection à haut risque avec une possible crise post-électorale, peut-être la plus dramatique de l'histoire politique du Tchad. Nous avons tiré la sonnette d'alarme. Comme toujours, nous avons été incompris ou ignorés, mais d'ici quelques jours, soit en fin d'après-midi du 6 mai, ou le jour suivant, le Tchad va assister une fois de plus à un bain de sang. L'ensemble du peuple tchadien est engagé dans le couloir de la mort, voilà les risques très forts que nous craignons à l'issue de ces élections", justifie le président de l'UDP.
Le 28 avril dernier, l'agence électorale tchadienne a interdit la possibilité de photographier les procès-verbaux des scrutins, suscitant des soupçons de fraude. Le code électoral tchadien ne prévoit pas l'affichage des procès-verbaux de dépouillement dans les bureaux de vote, ni leur remise aux mandataires des candidats.