Les trafics d'animaux sauvages en provenance de Madagascar vers l'Asie du Sud Est prennent de l'ampleur.
Une des plus grosses captures dans les annales de l'histoire. Les autorités thaïlandaises ont démantelé un réseau de trafiquants internationaux d'animaux sauvages en arrêtant six Thaïlandais dont deux femmes et quatre hommes, dans un hôtel de la province de Chumphon, au sud de la Thaïlande. Les suspects ont été pris en flagrant délit en possession illégale de 48 lémuriens et 1 076 tortues vivants en provenance de Madagascar, d'après les informations publiées par la presse en ligne thaïlandaise Khaosod English News. Ces animaux emblématiques de la Grande île ont été saisis par les autorités thaïlandaises et ont été emmenés à Bangkok tandis que les six personnes sont placées en détention, a-t-on rapporté. Il s'agit notamment des espèces de Lémur catta et d'Eulemur fulvus tandis que les tortues étoilées radiées sont connues sous l'appellation scientifique « Astrochelys radiata ».
De 2 700 USD à 27 000 USD
D'après les enquêtes approfondies menées par les autorités thaïlandaises, les lémuriens et les tortues ont été capturés illégalement à Madagascar. « Ils ont été ensuite expédiés sur l'île de Sumatra, dans la province d'Aceh en Indonésie pour vérifier l'état de ces animaux sauvages avant de les charger sur un bateau à destination de la province de Satun en Thaïlande. Le plan consistait à transporter ces animaux vivants jusqu'à Bangkok et de les expédier à Hong Kong, à Taïwan et en Corée du Sud.
Dans ces pays tiers, les lémuriens et les tortues sont des animaux de compagnie très appréciés et considérés comme des porte-bonheur », a-t-on appris. Parlant de leurs prix, les tortues radiées se vendent généralement à 100 000 bahts soit 2 700 dollars l'unité en Thaïlande. « Elles rapportent jusqu'à dix fois plus en Hong Kong puisque cette espèce d'animaux sauvages est échangée pour 1 million de bahts ou plus, soit l'équivalent de 27 000 dollars », d'après toujours la presse thaïlandaise.
Personnes étatiques ou politiciens
« Ces tortues radiées et les lémurs catta ne sont présents que dans les parties sèches du sud-ouest de Madagascar tandis que les lémurs bruns ou Eulemur fulvus sont répartis dans d'autres zones, à la fois dans les forêts sèches et humides. Il est fort probable que ces animaux sauvages menacés d'extinction fussent capturés aux différents endroits puis gardés quelque part avant d'être exportés illicitement en Thaïlande. Comment est-ce possible sans que personne ne le remarque à Madagascar ? », s'interroge Rainer Dolch, un membre du groupe de spécialistes des primates de la Commission pour la sauvegarde des espèces de l'Union Internationale de la Conservation de la Nature (UICN).
C'est un écologiste résident qui surveille les efforts de conservation de Madagascar depuis 30 ans. De son côté, Ndranto Razakamanarina, le PCA de l'Alliance Voahary Gasy a publié sur les réseaux sociaux que les trafics d'espèces faunistiques gravement menacées d'extinction ne seraient souvent possibles que sans l'intervention des personnes étatiques au plus haut niveau ou bien des politiciens de Madagascar, si ce n'est d'une manière indirecte. « Le développement durable de la nation ne peut être assuré tant que l'on ne focalise pas les efforts sur la conservation de la biodiversité et la préservation de l'environnement », a-t-il réitéré.