Le Sénégal s'est classé au 94ème rang au classement mondial de reporters sans frontières. Il gagne 10 places par rapport au classement de 2023. Globalement, la situation de la presse est peu reluisante en Afrique de l'ouest.
Reporters sans frontières (Rsf) a publié hier, vendredi 3 mai, son rapport sur la liberté de la presse dans le monde. Le Sénégal s'est classé 94ème avec un score de 55,44. Le Sénégal gagne ainsi 10 places par rapport au classement de l'année dernière où il été à la 104éme place. Il a fallu de peu pour qu'il entre dans la zone rouge. De manière générale, l'Afrique subsaharienne a été très affectée en 2023 par des violences politiques lors des grands rendez-vous électoraux, selon RSF qui souligne que plus de 8 % des pays d'Afrique sont désormais en rouge, soit deux fois plus qu'en 2023. En Afrique subsaharienne, les périodes électorales ont charrié beaucoup de violences contre les journalistes et les médias de la part des acteurs politiques et de leurs soutiens. Cela a été le cas au Nigeria (112e), où près d'une vingtaine de reporters ont été attaqués début 2023. À Madagascar (100e), ils ont été une dizaine à être pris à partie par les forces de sécurité et des militants politiques lors de manifestations pré-électorales.
En République démocratique du Congo (RDC, 123e), où les intimidations de journalistes par des personnalités politiques sont régulières, la détention de Stanis Bujakera, dans le cadre d'une procédure judiciaire intentée contre lui malgré un dossier vide, a empêché le journaliste de couvrir la période pré-électorale. Lors des séquences électorales, les acteurs politiques tentent également d'utiliser les médias comme instruments d'influence et de pouvoir. Une méthode observée au Sénégal (94e), en RDC et au Nigéria, où des personnalités politiques ont parfois même créé leurs propres médias. Le Nigéria, le Togo et Madagascar ont été traversés par des vagues de répression de reporters.
La région est marquée par la dégradation sécuritaire de plusieurs pays du Sahel, le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Selon toujours, le rapport, d'autres pays de la région ont persisté dans une logique d'instrumentalisation des régulateurs des médias dont la composition est parfois favorable ou aux ordres des autorités politiques pour suspendre des médias en dehors de toute décision judiciaire. Plusieurs pays du Sahel, où l'accès à l'information se restreint toujours davantage, ont suspendu spécifiquement la diffusion de médias étrangers, principalement français comme France 24, RFI et TV5 Monde. Le coup d'État de juillet 2023, suivi de l'adoption par la junte de mesures liberticides, a fait chuter le Niger (80e) de 19 places. La situation n'est guère reluisante au Burkina Faso (86e) avec une perte de 28 places, ainsi qu'au Mali (114e). C'est un pays africain qui ferme le Classement 2024 : l'Érythrée (180e), devenue au fil des ans un désert de l'information.
Dans une Afrique subsaharienne où le droit à l'information et la liberté d'informer sont de plus en plus mis à rude épreuve, l'embellie vient de la Tanzanie (97e), avec un bond de 46 places, laissant entrevoir des signes d'espoir quant à la liberté de la presse dans un pays où la présidente desserre petit à petit l'étau sur les médias, ainsi que de Mauritanie (33e), où les exactions contre les journalistes s'avèrent moins fréquentes dans un écosystème toutefois dominé par des médias publics et une précarité très forte de la presse indépendante. La Norvège occupe la première place avec 95, 18%.