Environ 8 millions d'électeurs sont convoqués aux urnes ce lundi 6 mai pour le premier tour de la présidentielle tchadienne.
Ce scrutin marque la fin de la Transition ouverte après la mort au front, le 20 avril 2021, d'Idriss Deby Itno.
Il aura donc fallu trois bonnes années pour cette longue marche vers les urnes. La Transition était censée durer 18 mois, mais elle a été prolongée à la faveur du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS). Ce DNIS avait du même coup autorisé l'intérimaire, Mahamat Idriss Deby Itno à se présenter aux élections au prix d'un parjure, puisqu'il avait initialement promis de ne pas candidater à la future présidentielle.
10 prétendants au fauteuil suprême étaient en lice pour cette élection, notamment l'héritier du trône des Deby et Succès Masra, hier opposant irréductible au régime, aujourd'hui Premier ministre de son adversaire après un exil suite à une sanglante manifestation le 20 octobre 2022 et son retour au pays à l'issue de petits arrangements dont on ignore encore tous les tenants et les aboutissants.
Une candidature pour le moins énigmatique dont on se demande si elle porte bien les ambitions présidentielles de l'intéressé ou s'il s'agit d'un simple jeu de rôle d'un comparse pour donner l'illusion de la crédibilité.
En tout cas, si rôle il y a, il l'a bien joué en déclarant lors d'un meeting devant des militants acquis à sa cause : « Tous les sondages me donnent vainqueur ». Une déclaration qui a poussé Deby fils à sortir du bois : « Quarante-cinq jours de stage à Harvard, ça leur tourne la tête », a envoyé le général Mahamat en guise de réponse.
Avec toutes ces piques, pour veiller au grain, l'Ange (l'Agence nationale de gestion des élections), a accrédité pas moins de 70 organisations ou regroupements d'observateurs nationaux, et une trentaine d'autres internationales et régionales telles que celles de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) ou de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC).
Mais une question taraude toujours les esprits. Celle de savoir si l'Ange n'est pas un démon en l'occurrence, car malgré ses assurances sur la fiabilité du fichier électoral, le fait qu'elle n'ait pas eu « le temps matériel » pour procéder à une nouvelle révision pose problème aux yeux de nombreux observateurs de la scène politique tchadienne.
Une tache parmi tant d'autres dans l'organisation de ces élections, même si en réalité ça n'aurait peut-être pas changé grand-chose dans cette affaire qui semble connue d'avance. Peut-on imaginer un seul instant que le général d'armée, Deby ait mené cette bataille électorale pour laisser filer entre ses doigts une victoire qui lui semble promise ?
