Grande figure du cinéma documentaire, Rosine Mbakam honorée du "Sargal'docs 2024", samedi, à Saint-Louis lors de la clôture de la 15eme édition du festival international de documentaire de Saint-Louis (StLouis'docs) puise principalement son inspiration dans son Cameroun natal. C'est pourquoi, comme elle dit, son cinéma met souvent en lumière des gens proches voire sa famille.
Originaire du Cameroun, la réalisatrice et productrice a pris ses aises dans le monde cinématographique.
"Ma première source d'inspiration est le Cameroun. Mon désir de cinéma est né là-bas, où j'ai grandi et étudié. J'y ai vécu pendant 27 ans". Ces propos de la cinéaste tenu dans un entretien avec l'APS sont forts et très significatifs.
Elle séjourne actuellement à Saint-Louis (nord) dans le cadre de la 15e édition du festival international du film documentaire "Stlouis'docs", ouvert le 30 avril et qui a pris fin samedi.
Le Cameroun, "ma source d'inspiration"
"J'éprouve cette envie de raconter des histoires et de représenter le Cameroun et l'Afrique. J'ai toujours ce désir de montrer ce que je vois, la manière de vivre dans ma famille, la manière de vivre des gens au Cameroun et comment je vois les gens se positionner", a-t-elle fait savoir, faisant allusion à son récent film "Mambar Pierrette" sorti en 2023.
Enseignante de cinéma à l'Université de Gand, en Belgique, Rosine est adepte de la conservation de l'héritage culturel, de l'identité et des racines.
"Il faut qu'on fasse confiance à notre héritage de griot, de conte et de narration et ne pas croire que les formes narratives viennent d'ailleurs. Nous avons nos propres formes narratives", dit-elle.
Selon elle, le renouvellement du cinéma peut venir de l'Afrique, de nos pays et de ces formes narratives-là.
Le cinéma pour déconstruire les reliques de la colonisation
A son avis, elle qui navigue entre deux mondes, faire du cinéma c'est aussi déconstruire les reliques de la conolonisation.
"Parce que la colonisation a utilisé le cinéma pour implanter certaines idées reçues dans nos imaginaires. Faire du cinéma, c'est aussi déconstruire ces restes de la colonisation en moi et dans la société camerounaise", assure cette mère de deux enfants.
Selon elle, c'est le cinéma qui va aider à déconstruire les restes de colonisation dans nos pays.
Trouvée dans un hôtel saint-louisien, décontractée dans une belle robe, Rosine assume pleinement sa situation de femme dans le monde cinématographique.
"Pour moi, le cinéma est un art de la transformation. Je deviens une femme plus aguerrie de mon histoire, plus aguerrie de ma situation de femme et plus aguerrie de la force que représente le cinéma", confie-t-elle.
Pour cette cinéaste camerounaise de 47 ans, la vie n'est pas une trajectoire linéaire. Elle est parsemée de difficultés qu'il faut apprendre à surmonter.
Aujourd'hui, le regard qu'elle porte sur le cinéma africain est positif. "Je trouve qu'avec l'accessibilité du matériel aujourd'hui, il y a une jeunesse qui a envie de s'exprimer", remarque-t-elle.
"Safi Faye m'a libérée"
Pour la 15e édition de Stlouis'docs, il est permis de dire que Rosine est la "guest star" (invitée vedette). Pour preuve, son film "Mambar Pierrette" a été projeté mardi dernier en ouverture du festival. Un honneur pour la cinéaste.
"Je suis très honorée que mon travail soit célébré dans un pays qui a un héritage cinématographique qui m'a beaucoup nourri légué par les Sembène Ousmane, Djibril Diop etc. Safi Faye [réalisatrice, anthropologue, ethnologue et féministe sénégalaise] m'a libérée dans ma manière d'entrevoir le cinéma m'a donné beaucoup de courage d'aller plus loin", recoonaît Rosine.
Pour récompenser sa précieuse contribution à la création documentaire, le "Sargal'docs 2024" l'a mise à l'honneur. Et un prix lui a été décerné samedi par la Direction de la cinématographie du Sénégal.