Les résultats du scrutin du 29 avril dernier au Togo, sont connus. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est un véritable raz-de-marée électoral que l'Union pour la République (UNIR), le parti au pouvoir, a réalisé en remportant 108 sièges sur 113.
C'est dire si l'opposition s'en tire avec la portion congrue de 5 sièges. Quant au taux de participation, il s'élève à 61%, selon les résultats communiqués le 4 mai 2024, par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Mais faut-il croire en la sincérité de ces résultats? Reflètent-ils la volonté du peuple togolais ? Rien n'est moins sûr.
Car, on le sait, au Togo, les élections ont toujours été émaillées de fraudes et d'achats de consciences et ce, depuis Gnassingbé-père. Et ces législatives pourraient n'avoir pas fait l'exception. Au demeurant, certains opposants ont déjà crié à la fraude. Mais leur cause sera-t-elle entendue? Tout laisse croire que non. Cela dit, en attendant que les résultats de ces législatives soient validés par la Cour constitutionnelle, on peut dire que tout est accompli pour Faure.
En effet, non seulement, il a réussi, envers et contre tous, à faire voter la nouvelle Constitution qui place désormais le Togo sous le régime parlementaire mais, il s'est aussi offert une large victoire aux législatives, qui pourrait lui permettre de prolonger son bail à la tête de l'Etat, puisque le président du Conseil des ministres est désormais élu par le parti majoritaire à l'Assemblée nationale. Si ce n'est pas lui, ce sera certainement son homme-lige. Faure est d'autant plus conforté dans sa position de grand vainqueur que les observateurs, notamment de l'Union africaine, de la CEDEAO, de la CEN-SAD et de l'OIF, ont tous jugé le scrutin équitable et transparent.
Avec cette écrasante victoire de l'UNIR aux législatives, on peut affirmer que l'alternance au Togo est piégée et ligotée
Mais pouvait-il en être autrement quand on sait que l'UNIR s'est donné tous les moyens pour remporter haut la main les dernières législatives ? Pouvait-il en être autrement quand on sait que l'opposition n'est pas parvenue à réunir les conditions nécessaires pour tenir la dragée haute au parti au pouvoir? En effet, au lieu d'asseoir une stratégie gagnante, l'opposition a passé le temps à ruer dans les brancards pour dénoncer la révision constitutionnelle. Conséquences : elle n'a ni réussi à empêcher la révision constitutionnelle ni gagner un nombre important de sièges à l'Assemblée nationale.
C'est dire si elle gagnerait à tirer leçon de cette bérézina. En tout cas, une introspection profonde s'impose à l'opposition togolaise si elle veut remporter de futures batailles. Toutefois, on ne saurait trop tirer à boulets rouges sur elle. Car, elle est à l'image du peuple togolais. Que peut faire, en effet, l'opposition si, plutôt que de défendre la démocratie, des citoyens préfèrent des mallettes d'argent et autres privilèges, bref, ne se soucient que de leurs intérêts immédiats et personnels, peu important, pour eux, ce qu'il adviendra de demain ?
En tout cas, avec cette écrasante victoire de l'UNIR aux législatives, on peut affirmer, sans risque de se tromper, que l'alternance au Togo est piégée et ligotée. Maintenant qu'il est parvenu à ses fins, que fera Faure de sa victoire ? Va-t-il ouvrir le jeu politique ? Ou va-t-il verrouiller davantage le système électoral ? De toute évidence, s'il veut disposer d'un mandat plus apaisé, il gagnerait à ouvrir le jeu politique afin de permettre à l'opposition d'exister.