Au Soudan, la famine pourrait toucher un habitant sur dix si l'aide humanitaire n'est pas accentuée, a averti l'envoyé spécial américain pour le Soudan, Tom Perriello, lors de son audition au Sénat cette semaine.
« Face à une situation déjà catastrophique, la trajectoire la plus probable est celle de la famine et la possibilité d'un État de 50 millions d'habitants en déliquescence », a déclaré Tom Perriello. Après plus d'un an de guerre, le bilan de l'envoyé spécial américain pour le Soudan fait état de 18 millions de personnes en insécurité alimentaire, 5 millions « au bord de la famine » et 8 millions de déplacés. Cette crise humanitaire devrait, sans changement à l'accès humanitaire, « se détériorer avec l'arrivée de la période de soudure », a complété l'envoyé spécial américain.
Devant les sénateurs, durant plus de deux heures, Tom Perriello a également rappelé que les deux camps qui s'affrontent ont multiplié les crimes de guerre dans une crise qu'il juge « invisible, rarement couverte par la presse. » « Cette guerre brutale a un impact disproportionné sur les femmes et les filles, a expliqué Tom Perriello. Elles sont victimes d'atrocités constantes, notamment des viols. »
Interrogé par un élu du Sénat sur le nombre de victimes après une année de conflit, l'envoyé spécial a indiqué : « Nous ne savons littéralement pas combien de personnes sont mortes, le chiffre de 15 à 30 000 a été mentionné, certains pensent que c'est 150 000 ». En conclusion, Tom Perriello a rappelé que cette crise humanitaire est aussi une « menace pour la stabilité régionale et européenne », qu'il était donc essentiel d'ouvrir « de nouveaux pourparlers avec l'appui des principaux dirigeants africains et arabes » mais que pour l'instant « il existe une dynamique indéniable pour que cette crise s'aggrave. »
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