Au Gabon, les autorités mettent en place un comité de suivi des recommandations du dialogue national, notamment celle d'instituer une préférence nationale pour les entreprises locales, comme les PME-PMI afin de faire face à la concurrence étrangère. Reportage aux éditions Ntsame, une entreprise créée en 2010 à Libreville.
Les machines tournent quasi en permanence pour préparer les livres. L'an dernier, Ntsame en a produit plus d'un million, mais, comme d'autres, la société subit la concurrence étrangère, notamment camerounaise et ouest-africaine. Romancière et fondatrice, Sylvie Ntsame raconte les débuts : « Ils photocopiaient deux millions de livres qu'ils écoulaient. Je décide alors de regarder, déjà, du côté du manuel scolaire. Il y avait un monopole. Les Français, les grands groupes... on m'a fait une asphyxie financière. J'ai brûlé des milliers de manuels scolaires. Je suis tombée en faillite. »
La politique de préférence nationale recommandée au dialogue national est donc saluée par le directeur adjoint, Franck Anthony Evouna, notamment, dit-il, dans le secteur sensible du manuel scolaire : « Chaque pays doit défendre sa culture. Si, tout le temps, on nous parle de l'histoire de Charlemagne, le petit Gabonais va se référer à qui pour défendre son pays ? Pour la première fois, nous avons le sentiment que toutes les autorités convergent, en fait, vers le made in Gabon. »
Entrepreneur et président du Conseil gabonais du patronat, Francis Jean-Jacques Evouna voit plus loin et espère que ces mesures pousseront les Gabonais à entreprendre : « Ce n'est pas inné chez nous. Si nos parents nous ont envoyés à l'école, c'était pour revenir et travailler dans un bureau. Les entrepreneurs vont systématiquement naître. Il est toujours dit, entre rives, que le Gabonais n'était pas reçu... il faut changer la mentalité. »
Certains opérateurs étrangers attendent de voir comment évoluera le climat des affaires avec ces mesures.
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