Madagascar est réputée mondialement pour sa biodiversité à fort taux d'endémicité d'espèces faunistiques et floristiques mais cette nature 5 étoiles est fortement menacée par la recrudescence des trafics d'espèces sauvages.
Tout récemment, plus de 1 000 tortues radiées et 48 lémuriens vivants en provenance de Madagascar ont été expédiés illicitement en Thaïlande en passant par l'Indonésie. La police thaïlandaise en collaboration avec le service américain de la faune et de la pêche ont pu démanteler le réseau de trafiquants internationaux tout en saisissant cette plus grosse capture après avoir mené des investigations dans les deux pays concernés. Face à cet état de fait qui constitue une grande honte pour la Grande île, les défenseurs de l'environnement interpelle l'Etat en réclamant une enquête approfondie sur l'origine de ce trafic d'animaux sauvages vivants. Ils sont composés notamment de Transparency International et de l'Alliance Voahary Gasy ainsi que de l'organisation mondiale de la protection de la nature WWF Madagascar et de TRAFFIC. Cette dernière est la première organisation non gouvernementale qui travaille au niveau mondial sur le commerce des animaux et des plantes sauvages dans le contexte de la conservation de la biodiversité et du développement durable.
Amende à 2 milliards Ar
Parlant de tortues radiées, il s'agit d'une espèce extrêmement rare figurant dans la liste rouge de l'Union Internationale de la Conservation de la Nature (UICN) et dans l'annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages (CITES). En effet, c'est une espèce en danger d'extinction qui doit nécessiter des mesures de protection renforcée alors qu'elle fait toujours l'objet de trafic dans le pays.
Quant aux lémuriens, ils font partie des espèces protégées classées dans la catégorie I du Décret 2006-400 du 13 juin 2006 portant classement des espèces faunistiques sauvages. « Cette espèce bénéficie ainsi d'une protection absolue sur tout le territoire national et ne doit être ni chassée, ni capturée, ni détenue », ont avancé ces défenseurs de l'environnement. D'ailleurs, selon la loi en vigueur, toute exploitation, tout transport, toute détention et toute vente ainsi que toute exportation de lémurien sont passibles d'une peine de 6 mois à 10 ans d'emprisonnement et d'une amende de 10 millions à 200 millions d'ariary.
En outre, tout prélèvement d'animaux venant d'une Aire protégée constitue un crime passible de 2 à 10 ans de prison moyennant un paiement d'une amende entre 100 millions Ar et 2 milliards Ar, d'après le Code de gestion des Aires Protégées.
Réseau organisé
Une enquête approfondie sur l'origine du trafic est plus que nécessaire pour identifier et punir les personnes impliquées dans la collecte et l'expédition illégales de ces lémuriens et tortues vivant sur le sol malgache. La quantité saisie pointe fortement vers l'existence d'un réseau organisé de trafiquants et aussi l'utilisation de la voie maritime pour faire sortir les animaux hors du territoire national. « Cette importante saisie en Thaïlande démontre la nécessité de redoubler d'efforts dans la lutte contre les espèces uniques de Madagascar », a soulevé Simon Rafanomezantsoa de WWF Madagascar. Après le bois de rose, les tortues et l'or, les lémuriens font également l'objet d'exportations illicites à Madagascar. Mais dans la plupart des cas, ces richesses nationales sont toujours saisies dans les pays destinataires ou de transit.