Madagascar: Trafic de lémuriens et de tortues - 6 personnes écrouées en Thaïlande et 4 arrêtées à Madagascar

Les enquêtes avancent l'exportation illicite de 48 lémuriens et 1 076 tortues vivants vers la Thaïlande.

Avec l'objectif de tolérance zéro, les autorités tiennent à ce que les auteurs, et surtout les cerveaux de ce que l'on peut qualifier d'actes illicites criminellement répréhensibles aussi bien à Madagascar soient appréhendés et condamnés.

Complexité

Et les résultats sont plutôt encourageants puisque, aux dernières nouvelles et tel qu'il a été annoncé par le ministre de l'Environnement et du Développement durable, Max Andonirina Fontaine samedi dernier, lors d'une conférence de presse qu'il a donnée conjointement avec la douane, une dizaine de personnes ont déjà été arrêtées dans le cadre de cette affaire d'une envergure internationale. Côté thaïlandais tout d'abord, 6 trafiquants étrangers ont déjà été arrêtés et emprisonnés en Thaïlande. Pour la partie malgache, 4 personnes ont été arrêtées et sont gardées à vue par les autorités douanières. « Les enquêtes se poursuivent et il y aura encore d'autres arrestations », a expliqué le ministre Max Fontaine qui a insisté sur le fait que tout sera fait pour démasquer tous les responsables de ce méfait et surtout pour faire rapatrier les 48 lémuriens et 1 067 tortues à Madagascar.

Il n'a cependant pas caché la complexité des enquêtes dans la mesure où on fait face à un réseau international parfaitement rôdé et dont les éléments n'hésitent pas à agresser les enquêteurs. Il a cité le cas d'un agent de surveillance sauvagement agressé par des trafiquants. Les espoirs de capturer et de punir les responsables de ce trafic sont d'autant plus permis quand on sait que Madagascar n'agit pas seul dans les enquêtes. Les appuis viennent en premier de la Thaïlande qui est membre de la Convention Internationale des Espèces Sauvages (CITES). Et comme les lémuriens et tortues de Madagascar figurent dans l'annexe 1 de la CITES, les procédures d'enquêtes internationales sont applicables. Le MEDD a d'ailleurs précisé que les autorités policières de la Thaïlande et de Madagascar collaborent déjà dans les enquêtes.

Zones non occupées

La douane malgache n'est évidemment pas en reste dans les efforts réalisés et à réaliser pour démanteler les trafics d'espèces protégées. Également présent lors de cette conférence de presse, le Directeur Général des Douanes, Ernest Lainkana Zafivanona a fait état d'une augmentation du niveau de vigilance aux frontières aériennes et maritimes. Des patrouilles ont également été déployées et renforcées sur les littoraux Est et Nord-Ouest. Les échanges d'information au niveau international ont également été renforcés, ainsi que des alertes et une vigilance maximale des services douaniers malgaches au niveau des pays d'entrée des trafics comme la Thaïlande. Cela a d'ailleurs contribué à la saisie de ces lémuriens et tortues en Thaïlande. Le DGD n'a cependant pas caché la complexité de la mission.

Tout simplement parce qu'il est très difficile d'assurer convenablement la surveillance des 5 000 km de côtes malgaches avec le peu de moyens dont le pays dispose. Ce, d'autant plus que la grande majorité de ces côtes sont des zones non occupées par lesquelles, les trafiquants peuvent opérer sans être vus pour leurs exportations illicites. Il n'est d'ailleurs pas à écarter que dans le trafic en question, les espèces protégées objets du délit aient été envoyées dans ces zones non occupées. Autant de raisons qui militent, en tout cas, en faveur du renforcement des investissements de la douane en matière de surveillance.

Sur ce point d'ailleurs, on peut citer le renforcement des moyens de surveillance en collaboration avec la Corée du Sud pour les bateaux, ainsi que la mise en place de nouveaux scanners au niveau des ports et aéroports. Par ailleurs, pour limiter les risques d'envoi par utilisation des bateaux de plaisance, la douane est en train de mettre en place un système de Bordereau de Suivi des Navires (BSN) pour suivre justement ces plaisanciers qui peuvent se muer en trafiquants dans les zones non occupées. Les citoyens sont par ailleurs incités à alerter les autorités pour signaler les trafics au numéro vert 955.

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