Au Mali, la phase nationale et finale du dialogue inter-Maliens s'est ouverte, ce lundi 6 mai, à Bamako. Depuis la mi-avril, des discussions ont été organisées dans les communes, puis dans les régions et consulats du Mali.
Voulu par les autorités de transition, ce dialogue a pour but de ramener la paix dans le pays, mais d'autres sujets se sont également invités dans les débats, à commencer par la prolongation de la transition. Et c'est le président de transition lui-même, le colonel Assimi Goïta, qui a lancé, ce matin, les travaux, au Centre international de conférence de Bamako. Le colonel Assimi Goïta a ainsi rappelé la genèse de ce dialogue, présenté comme un processus 100 % national, par opposition au défunt accord de paix de 2015, signé avec les groupes armés du Nord sous l'égide d'une médiation internationale.
Sans citer la France, traditionnel bouc émissaire du régime de transition, ni l'Algérie qui conduisait la médiation internationale pour l'accord de 2015, le colonel Assimi Goïta a dénoncé, sans le détailler, un « agenda » « contraire aux intérêts du peuple malien. »
« Le Mali s'est retrouvé, depuis quelques années, dans une situation conflictuelle complexe sur laquelle nous n'avions aucune emprise, a ainsi assuré le président malien de transition. Nous avions été réduits à être des observateurs du martyre de notre peuple, pour des raisons économiques et géostratégiques auxquelles nous étions totalement étrangers. »
« Esprit de franchise et de patriotisme »
Le colonel Assimi Goïta a poursuivi en estimant que « les solutions proposées par la communauté internationale ont plutôt contribué à élargir les zones de tension pour toucher une grande partie du territoire. Pire, il est apparu que les mesures prises contre le terrorisme répondaient à un agenda contraire aux intérêts du peuple malien. C'est ainsi que, dans un sursaut de dignité, le peuple malien a décidé de reprendre son destin en main et de reconquérir l'ensemble de son territoire », une référence à la victoire de l'armée malienne et de Wagner, en novembre dernier, dans le fief des groupes rebelles à Kidal.
« Dans la dynamique patriotique et salvatrice ainsi enclenchée, nous avons décidé que les Maliens se retrouvent entre eux, sans intermédiaire, pour dessiner une nouvelle architecture de la paix et de la réconciliation nationale. » Le président malien de Transition a conclu, en souhaitant que le dialogue contribue aujourd'hui « à la restauration de la paix », dans un « esprit de franchise et de patriotisme. »
3 000 participants, mais pas de rebelles et peu de partis politiques
3 000 participants, venus de tout le pays, ont jusqu'à vendredi 10 mai pour finaliser leurs propositions. Mais le format de l'exercice en limite, de fait, la portée. Les rebelles du Nord qui avaient signé l'accord de 2015, sont exclus des échanges, au même titre que les jihadistes du Jnim, lié à al-Qaïda ou de l'État islamique. Les partis politiques maliens dont les activités ont été suspendues le mois dernier, boycottent, dans leur quasi-totalité, le dialogue.
Enfin, alors que le sujet n'a rien à voir avec les objectifs officiels, la prolongation de la transition fait largement partie des recommandations formulées lors des précédentes étapes, communale et régionale. Beaucoup y voient d'ailleurs le véritable objectif, inavoué, du dialogue.
On le saura à l'issue de cette ultime phase nationale, vendredi après-midi, lorsque le comité de pilotage présentera la synthèse des recommandations retenues et qui devront être mises en oeuvre.