Après les phases communale et régionale, s'est ouverte, le 6 mai 2024, la phase nationale et terminale du dialogue inter-Maliens. Ces palabres entre Maliens « sans intervention extérieur », sont censés trouver des solutions aux problèmes que vit le pays. Ils font suite à la mise à mort de l'accord d'Alger signé sous l'égide de la médiation internationale.
On se rappelle, en effet, qu'après la chute de Kidal, les rebelles touaregs qui en avaient fait une citadelle imprenable, s'étaient refugiés en Algérie. Toute chose qui n'a pas été du goût de Bamako qui a finalement préféré prendre ses distances avec Alger qui, pourtant, jouait les médiateurs entre les différentes parties prenantes au conflit malien.
L'escalade était telle que les deux capitales avaient, l'une après l'autre, rappelé leurs ambassadeurs respectifs pour consultation ; tant la méfiance entre les deux voisins semblait avoir pris le dessus. En tout cas, en décidant de se parler franchement sans regard extérieur, les Maliens ont fait un bon choix. Car, faut-il le rappeler, l'intervention de la communauté internationale dans un conflit, contribue parfois à le complexifier. C'est à croire si certains acteurs qui parviennent à tirer leurs marrons du feu, ne soufflent pas souvent sur des braises, en rajoutant ainsi à une situation très explosive.
Du dialogue inter-Maliens, sortiront des recommandations fortes
Cela dit, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur les chances de succès du dialogue inter-Maliens qui, dès son entame, a pris du plomb dans l'aile et cela, parce que n'ayant pas pu réunir tous les principaux protagonistes autour de la même table. Tant et si bien qu'il faut craindre des lendemains incertains. En effet, les groupes armés signataires de l'Accord d'Alger, chassés de Kidal en fin 2023, ne prennent pas part aux pourparlers en cours.
Non seulement, ils les ont boycottés mais aussi, tout en se réorganisant, ils annoncent des actions d'envergure dont personne, pour l'heure, ne connaît la nature. A ces indépendantistes dans l'âme, s'ajoutent des leaders terroristes, tels Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa, qui sont dans la nature et qui disposent toujours d'une grande capacité de nuisance. Jugés infréquentables, les autorités de la transition excluent toute possibilité de négocier avec ces derniers qui ont pris les armes contre la mère-patrie.
Et comme pour ne rien arranger, des partis politiques et organisations de la société civile qui pèsent sur l'échiquier politique malien, ont aussi choisi de ne pas participer au dialogue initié par la junte au pouvoir depuis bientôt quatre ans. Remontés qu'ils sont par la suspension de leurs activités, ils accusent les colonels au pouvoir de faire de la diversion dans le souci de prolonger indéfinitivement la transition qui, officiellement, a pris fin le 26 mars dernier. Ils n'ont peut-être pas tort. Car, tout porte à croire que, même si la durée n'est pas encore précisée, la prolongation de la transition est déjà actée.
La nécessité d'appeler les uns et les autres à faire profil bas
Pouvait-il en être autrement quand on sait que la plupart des participants au dialogue inter-Maliens ont été triés sur le volet et ne font qu'exprimer les desiderata de leurs maîtres à penser ? Pouvait-il encore en être autrement quand on sait que saisie à l'effet de constater la vacance du pouvoir au Mali, la Cour constitutionnelle a préféré s'en laver les mains en se déclarant incompétente ? Si ce n'est pas de la couardise, cela y ressemble fort dans un pays comme le Mali où toute contestation est désormais punie sévèrement.
En tout cas, de ce qui précède, on peut affirmer que du dialogue inter-Maliens, sortiront des recommandations fortes dont l'application, sur le terrain, ne se fera pas sans difficultés. Tant ils sont nombreux, les Maliens qui ne s'y sentiront pas liés et qui, s'ils ont l'occasion, ne manqueront pas de tailler des croupières aux autorités de la transition.
D'où la nécessité d'appeler les uns et les autres à faire profil bas. Car, seul doit primer l'intérêt supérieur du peuple malien qui, du fait de l'insécurité liée au terrorisme, a trop souffert le martyre. Il ne faudrait donc pas qu'à la crise sécuritaire qui a fort éprouvé le Mali, vienne s'ajouter une crise politique aux conséquences incommensurables. Pour ce faire, Assimi Goïta et ses frères d'armes doivent lâcher du lest en procédant à la levée des mesures restrictives des libertés individuelles et collectives.