Seuls quatre citoyens sur 10 disent préférer la démocratie à toute autre forme de gouvernement.
Key findings
- Seulement quatre Maliens sur 10 (39%) disent préférer la démocratie à toute autre forme de gouvernement. o Le soutien à la démocratie a dégringolé de 36 points de pourcentage depuis 2014, pendant que la préférence pour un gouvernement non démocratique a plus que doublé.
- Les deux tiers des citoyens maliens disent rejeter la dictature (68%) et la règle du parti unique (67%).
- Cependant, environ huit Maliens sur 10 soutiennent les gouvernements militaires (78%) et affirment qu'il est légitime que l'armée prenne le contrôle du pays dans le cas hypothétique où les leaders élus abusent de leur pouvoir pour leurs intérêts personnels (82%).
- Seulement un quart (25%) des répondants pensent que leur pays est « une pleine démocratie » ou « une démocratie avec des problèmes mineurs ». Près des trois quarts (72%) se disent insatisfaits du fonctionnement de la démocratie au Mali. o La moitié (51%) des citoyens sont optimistes pour un Mali plus démocratique dans cinq ans.
Les citoyens à travers leurs engagements peuvent renforcer la démocratie dans un pays. Leurs efforts pour veiller au bon fonctionnement des institutions étatiques et lutter contre la corruption, et leur efforts pour la réalisation de projets d'intérêt public, contribuent à la gouvernance démocratique (Kuepie & Sougane, 2014). Cependant l'insécurité, l'absence de justice, la corruption et les intimidations sont des obstacles qui découragent parfois les citoyens de s'engager (Kapchie, 2017).
Au Mali, le désintérêt pour la chose politique avait connu un regain. Entre 2014 et 2015, le taux des citoyens qui se sentaient proches d'un parti politique a baissé de 39% à 35%, pendant que celui des adhérents a reculé de 6 points de pourcentage (Razafindrakoto, Roubaud, Sougane, Tounkara & Traoré, 2015). Aussi, la confiance envers le président de la République, l'Assemblée Nationale et les partis politiques a largement chuté de 2014 à 2020 (Coulibaly, 2020).
De plus, les Maliens se plaignaient de l'ampleur de la corruption parmi leurs gouvernants, du manque de politique sociale, de leurs conditions de vie et de l'insécurité grandissante dans le pays. A ces problèmes s'est ajoutée la crise provoquée par l'inversion des résultats des élections législatives du 30 mars et du 19 avril 2020 au profit de la majorité présidentielle. Ces situations ont suscité le mépris des Maliens, qui ont manifesté leur colère à travers une série de marches de protestation revendiquant la démission du Président Ibrahim Boubakar Keïta (Murail, 2020).
C'est dans ces circonstances que les militaires ont perpétré un premier coup d'Etat en août 2020, puis un second en mai 2021, entravant ainsi le fonctionnement des institutions démocratiques dans le pays (Africanews, 2023). Bien que cette incursion de l'armée sur la scène politique au mépris de toutes les règles démocratiques bénéficie d'un soutien populaire, il en demeure des voix dissidentes (Siegle & Ezinga, 2020).
La plus récente enquête Afrobarometer - menée en juillet-août 2022, donc plus d'un an après le deuxième coup - permet d'évaluer les perceptions des Maliens sur différents aspects de la démocratie dans leur pays. Les résultats montrent que seuls quatre Maliens sur 10 disent préférer la démocratie à toute autre forme de gouvernement, alors qu'ils sont deux tiers à rejeter la dictature et la règle du parti unique.
De grandes majorités sont pour les gouvernements militaires et disent qu'il est légitime que l'armée prenne le contrôle du pays dans le cas hypothétique où les leaders élus abusent du pouvoir au nom de leurs propres intérêts.
Seulement une minorité des citoyens maliens pensent que leur pays est une démocratie bien portante, et près des trois quarts se disent mécontents de la manière dont elle est mise en oeuvre dans le pays.
Si peu de Maliens estiment que leur pays est plus démocratique qu'il ne l'était il y a cinq ans, ils sont la moitié à être optimistes pour un Mali plus démocratique à l'avenir.