Le discours d'Isabelle Delattre, ambassadrice de l'Union européenne, est attendu à la célébration de la journée de l'Europe prévue cette semaine. Cette journée, traditionnellement observée le 9 mai, pourrait être reportée cette année en raison du jour férié tombant un jeudi.
Les tensions entre Bruxelles et Antananarivo ont atteint un niveau critique depuis que le gouvernement a demandé le rappel d'Isabelle Delattre en mars dernier. Cette demande a ébranlé les relations entre les deux parties, notamment suite à l'intervention publique controversée d'Isabelle Delattre lors d'une conférence de presse le 26 février dernier. Cette semaine, un rebondissement est attendu.
Réaction virulente
L'ambassadrice avait alors abordé des sujets d'actualités tels que la loi sur la castration et la gestion des fonds routiers dans le pays, suscitant l'indignation des autorités, lesquelles sont devenues, ces derniers mois, très sensibles aux critiques. Ces déclarations ont déclenché une réaction virulente, remettant en question, en haut lieu, la capacité de Isabelle Delattre à remplir son rôle diplomatique dans le pays.
Conciliation
Alors que la célébration de la journée de l'Europe approche, les regards sont tournés vers Isabelle Delattre. Depuis le mois de mars, elle fait profil bas. Va-t-elle alors maintenir sa position et défendre les convictions qu'elle a exprimées publiquement en février dernier, ou bien va-t-elle choisir la voie de la conciliation ? Sa prise de parole lors de cet événement imminent pourrait alors révéler l'avenir des relations entre l'Union européenne et Madagascar. Dans un climat diplomatique tendu, la participation d'Isabelle Delattre à cet événement revêt une importance particulière. Sa décision et son discours pourraient non seulement influencer l'avenir de sa mission diplomatique, mais aussi avoir un impact significatif sur les relations bilatérales entre l'Union européenne et Madagascar.
Convocation
Le jeudi 29 février dernier, dans la matinée, cette diplomate s'est rendue au bureau de la ministre des Affaires étrangères, Rafaravavitafika Rasata, à Anosy, pour répondre à sa convocation. La rencontre aurait duré plus d'une heure entre les deux personnalités. Et l'intervention d'Isabelle Delattre lors d'une conférence de presse le lundi 26 février dernier a été au centre des discussions. Les propos de l'ambassadrice de l'Union européenne durant cette rencontre avec la presse n'ont pas été appréciés en haut lieu et ont suscité de vives réactions au sein du gouvernement.
Castration
La diplomate a critiqué ouvertement certaines politiques nationales, notamment la nouvelle disposition pénale relative à la castration des auteurs de viol, qualifiant cela de « violation de la Constitution malgache ». Elle a également exprimé des préoccupations quant à l'état des routes dans le pays et à l'insuffisance de moyens financiers pour leur entretien, ainsi que sur le manque de suivi des recommandations de l'Union européenne en matière électorale.
Avertissement
L'ambassadrice de l'Union européenne n'a pas mâché ses mots pour aborder ces réalités face à la presse. Puis, elle a visiblement touché la corde sensible du régime et s'est vite fait "remonter les bretelles". Ses propos ont déclenché une réaction rapide de la part du gouvernement, qui a donc convoqué Isabelle Delattre pour clarifier ses déclarations. Cette démarche, bien que courante dans le cadre diplomatique, est interprétée comme un avertissement à l'égard de la diplomate en poste dans le pays.
Îles éparses
Il convient de noter que cette convocation n'est pas sans précédent. En 2019, l'ancien ambassadeur de France, Christophe Bouchard, avait été également convoqué par le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Liva Tehindrazanarivelo, pour discuter des questions sensibles concernant les îles éparses. Cependant, c'est la première fois qu'un ambassadeur de l'Union européenne subit une telle réaction sous le régime actuel.