Ile Maurice: Les objectifs de l'accord entre la Santé et le FSL pourraient rester lettre morte

La récente signature d'un memorandum of cooperation (MOC) entre le ministère de la Santé et du bien-être de la famille et le Forensic Science Laboratory (FSL) de Maurice, pour la collecte et l'analyse d'échantillons suspectés de contenir des drogues, a choqué plus d'un et suscite des préoccupations. Cette collaboration intervient dans un contexte où le FSL est confronté à une crise de gestion qui semble paralyser l'efficacité de l'institution, avec des répercussions directes sur la lutte contre la drogue. La drug unit du FSL, chargée d'analyser les drogues, fait état d'un retard significatif, avec un backlog de deux ans de ses rapports. Alors que le FSL peine à fournir ses rapports dans des délais raisonnables, le MOC avec le ministère de la Santé exige, lui, une réponse rapide pour la collecte et l'analyse des échantillons de drogues. Cette incompatibilité soulève des questions quant à la capacité réelle du laboratoire médico-légal à répondre aux besoins du ministère dans un délai aussi court.

La situation au FSL, comme évoquée dans notre article publié le 3 mai, est exacerbée par des problèmes internes, notamment des allégations d'ingérence de la directrice Vidhu Madhub-Dassyne et de favoritisme envers certains membres de l'équipe au détriment de scientifiques expérimentés. Les conséquences de cette crise de gestion sont alarmantes. Dans un tel contexte, il est légitime de se demander comment le FSL pourra désormais répondre de manière adéquate aux exigences du ministère de la Santé en matière de collecte et d'analyse d'échantillons de drogues.

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Une source officielle du ministère de la Santé nous explique que le but de ce MOC est de garantir des soins de qualité. Par exemple, dans le cas d'une personne sous l'influence de drogues, il est crucial de rapidement savoir quelles substances ont été prises pour pouvoir administrer un traitement efficace. Le ministère estime que le FSL est capable de fournir ces informations très rapidement, en quelques heures, étant donné qu'il s'agit de la vie des personnes concernées. Le FSL dispose des équipements et des connaissances nécessaires à cet effet. On nous fait aussi savoir que la charge de travail ne devrait pas être excessive, avec seulement quelques cas par jour à traiter, ce qui ne devrait pas surcharger le FSL. Cependant, sans une gestion efficace et transparente au FSL, ces objectifs risquent de rester lettre morte.

La réalité au sein du FSL est tout autre. De nombreuses personnes attendent des mois pour obtenir un rendez-vous. Malgré un mail envoyé au Prime Minister's Office (PMO) depuis lundi dernier, pour faire état de ces problèmes et obtenir des clarifications, ce dernier n'a toujours pas répondu et aucune action concrète n'a encore été entreprise pour résoudre ces problèmes internes du FSL. Cette inertie contraste avec l'urgence de la situation où la vie de nombreuses personnes pourrait dépendre de la rapidité et de la précision des analyses effectuées.

Il est préoccupant de constater qu'au lieu d'enquêter sur les problèmes internes soulevés au sein du FSL, le Premier ministre, pour qui la lutte contre la drogue est pourtant une priorité, semble ne rien faire pour les résoudre et pour examiner la gestion controversée de la directrice. Une autre source fait ressortir que le problème du backlog au FSL relève du PMO et que c'est à lui de déterminer la façon de gérer la situation. Le ministre de la Santé a simplement signé un accord, mais n'est pas responsable du FSL. Sans une équipe compétente et efficace, capable de gérer efficacement le volume de travail et de répondre aux demandes du ministère dans des délais raisonnables, la capacité du FSL à remplir ses missions sera compromise.

À noter qu'en août 2022, lors d'un atelier de travail régional visant à faire le point sur la réalisation du projet de lutte contre le trafic de drogue, avec la Southern African Development Community, le Premier ministre avait déclaré lors de son discours qu'un nouveau FSL sera opérationnel en 2024 et que le gouvernement investirait environ Rs 612 millions pour y parvenir. Le chef du gouvernement avait aussi indiqué que ce nouveau laboratoire permettrait de réaliser davantage de tests de dépistage de drogue avec des équipements de haute technologie au niveau régional. Il est bon de noter que le FSL dispose déjà de nombreux équipements modernes qui lui permettent de réaliser des tests rapidement et efficacement. Cependant, la principale préoccupation actuelle ne réside pas tant dans les capacités techniques de l'institution que dans la gestion.

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