Cameroun: Un séparatiste anglophone appelle à déposer les armes, un «non-événement» pour le gouvernement

Au Cameroun, retour sur le virage à 180° du séparatiste anglophone « Capo Daniel » qui, de son exil, appelle à déposer les armes et à renoncer à la violence. Un pas dans la bonne direction pour plusieurs membres de la société civile anglophone, un « non-événement » pour le ministre camerounais de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji.

Les deux régions anglophones du Cameroun sont endeuillées depuis 2017 par la violence. La galaxie séparatiste est fragmentée. Les groupes armés se sont multipliés. Les motivations politiques parfois diluées dans le banditisme.

Surnommé « Capo Daniel », l'ex-porte-parole du groupe armé Ambazonia Defence Forces, partisan de l'indépendance de l'Ambazonie - à l'ouest du pays- a appelé au nom de sa nouvelle plateforme à mettre fin aux hostilités sur le terrain en attendant des négociations directes avec Yaoundé. Il ne revendique plus l'indépendance des territoires de l'ancien Cameroun britannique et parle à présent d'autonomie régionale.

« Un gouvernement légitime ne discute pas avec des bandits »

« Les terroristes doivent cesser de rêver et doivent se rendre sans préalable. (...) Un gouvernement légitime ne discute pas avec des bandits. » C'est la réaction du ministre camerounais de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji.Pour lui, « Capo Daniel » veut se donner une importance qu'il n'a pas et qu'il n'aura jamais.

Le ministre, lui-même anglophone, rappelle qu'il y a eu un dialogue national en 2019 et que, selon les orientations du chef de l'État, Paul Biya, les repentis doivent « intégrer les centres DDR pour le début de leur reconversion (...) et ne seront pas inquiétés. »

Du côté des « Ambazonia Defence Forces », bras armé du mouvement Ambazonia Governing Council, le nouveau porte-parole Lucas Asu, lui aussi en exil, qualifie « Capo Daniel » « de traître corrompu par le régime » de Yaoundé. Pour lui, son appel à faire taire les armes est un acte désespéré qui n'engage pas le groupe séparatiste.

Du côté de la société civile, Fon Nsoh, coordinateur de Cominsud (Community Initiative for Sustainable Development, basée à Bamenda) Esther Omam, directrice de l'ONG Reach Out, ou encore l'avocat Nkongho Félix Agbor Balla espèrent tout de même entendre d'autres voix s'élever pour appeler « les Amba boys » à déposer les armes et pour ouvrir d'autres espaces de dialogue.

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