L'ouverture de la session parlementaire a été marquée par une passe d'armes entre les partisans du pouvoir et le président par intérim de l'Assemblée nationale.
Il fallait s'y attendre. Le remplaçant de Christine Razanamahasoa à Tsimbazaza a suivi les traces de cette ancienne patronne de la Chambre basse. Il s'agit de Jean Jacques Rabenirina qui assure l'intérim de la présidence de cette institution depuis le départ in extremis de la magistrate. En tant que doyen parmi les membres du bureau permanent, Jean Jacques Rabenirina est de la même trempe que Christine Razanamahasoa et, à l'occasion de l'ouverture de la session parlementaire hier à Tsimbazaza, il a tenu un discours très critique contre le régime en place. « Inflation galopante et insécurité grandissante » sont les « maux » qui sont soulevés par Jean Jacques Rabenirina hier. « La population est dans le désarroi total actuellement », soutient-il devant une assemblée à moitié vide et les chancelleries étrangères presque au grand complet.
Zélateur
Le président par intérim de l'Assemblée nationale a choisi de tenir un discours en français devant ses invités de marque à Tsimbazaza. Durant son intervention, il a réitéré ses critiques. Mais ce choix de vouloir s'exprimer en langue de Molière au perchoir a ouvert un angle d'attaque contre Jean Jacques Rabenirina. À peine sorti de la séance, aussitôt que le rideau est tombé sur la cérémonie, Richard Ravalomanana a sauté sur l'occasion pour fustiger devant la presse, Jean-Jacques Rabenirina. Le président du Sénat accuse son homologue de l'Assemblée nationale de zélateur. « Je suis étonné de le voir s'exprimer en français alors qu'ils sont, eux-mêmes, auteurs de slogans anti-vazaha » a lancé Richard Ravalomanana. « Je pense qu'il est motivé par ses intérêts particuliers pour agir ainsi sinon je trouve déplorable une telle attitude », poursuit-il.
Campagne avant l'heure
La déclaration du président du Sénat a fait l'effet d'une bombe dans les couloirs de la Chambre basse. Quoiqu'il en soit, la messe est dite pour Jean Jacques Rabenirina. Le président par intérim de l'Assemblée nationale garde le cap à la veille de l'ouverture des campagnes des législatives et enfonce le clou en disant que « certains candidats soutenus par le régime en place tentent d'abuser de l'utilisation d'infrastructures publiques à des fins électorales ». Des propos qui ont aussi étonné Richard Ravalomanana. « Je ne vois aucun candidat du camp présidentiel qui a déjà fait campagne avant l'heure contrairement à d'autres », a affirmé, hier devant la presse, le président du Sénat. Jean Jacques Rabenirina, quant à lui, veut que « la transparence, l'égalité des chances entre les candidats, la neutralité de l'administration » règnent durant cette période électorale.