Au Kenya, une dizaine de militants pour les droits civiques ont été arrêtés mercredi 8 mai à Nairobi. La police a fait une descente dans le Centre pour la justice sociale de Mathare, le plus vieux bidonville de la capitale. Plus tôt dans la matinée, les forces de l'ordre avaient dispersé un début de manifestation, alors que des habitants souhaitaient protester contre les déplacements forcés imposés par les autorités. Cela afin de prévenir les inondations.
Joseph a encore les yeux gonflés par les gaz lacrymogènes. Mercredi matin, il a manifesté pour dire « non » aux déguerpissements à Mathare. Joseph a perdu sa maison dans les inondations, et la petite baraque de tôle dans laquelle il a trouvé refuge devrait bientôt être également détruite par les pouvoirs publics.
« Les policiers nous ont attaqués et ce qu'ils ont fait est mal. Parce que nous ne faisions que demander nos droits et notre manifestation était pacifique. Vous voyez, ça, c'est notre camp. On dort à 20 dans une toute petite pièce et après vous voulez venir démolir ces maisons ? Où peut-on aller ? Ils doivent nous écouter, c'est nous le peuple. »
Quelques heures après le dispersement de la manifestation, les policiers mènent une opération dans le Centre pour la justice sociale de Mathare. Pour Wanjira Wanjiru, une de ses membres, les autorités veulent faire taire les voix discordantes.
« On se demande pourquoi le gouvernement nous traite comme son ennemi juré alors qu'il est censé nous protéger. On voit les policiers arriver avec leurs bulldozers. Certaines personnes sont mortes durant ces déplacements forcés, un enfant est mort à Mukuru, un enfant ! Durant un déguerpissement ! À chaque fois qu'il y a une expulsion, le gouvernement ment en disant qu'il a un plan de relocalisation. »
Lundi 6 mai, le président William Ruto a promis 10 000 shillings d'aide, soit environ 70 euros, pour les personnes déplacées. Cela en attendant une solution plus durable.