C'est du moins ce qu'a fait savoir le quotidien nigérian The Nation mais aussi l'agence de presse allemande epd, qui précise que des préparatifs concrets sont déjà en cours.
Une force de déploiement rapide est prévue pour aider à reconquérir les bases terroristes, c'est ce que précise une dépêche de l'Agence de presse allemande. Selon la même source, cette force vise également à empêcher la propagation du terrorisme du Sahel vers les pays côtiers. Mamadou Ismaila Konate est avocat et a occupé le poste de ministre de la justice au Mali, il rappelle que c'est à l'occasion du 62e sommet des chefs d'État et de gouvernement de la Cédéao que ce projet de création d'une nouvelle force régionale a été adopté.
Il précise qu'au moment où les chefs d'État évoquaient cette force, ses contours n'étaient pas connus, on savait juste que son objectif était de lutter contre le terrorisme et les changements constitutionnels. Depuis deux ans, la situation a évolué.
"Dans le cadre de la Cédéao, les chefs d'État ont besoin d'une force de défense non seulement pour combattre le terrorisme, mais en même temps pour supporter le processus de démocratie, de l'état de droit, en combattant les changements anticonstitutionnels. Et cette démarche d'utilisation de la force au soutien de la démocratie et de l'État de droit peut avoir des limites objectives. Pour essayer de juguler une situation comme celle-ci, il y a lieu de remettre à plat la trajectoire de la Cédéao en tenant compte des aspects politiques, des aspects institutionnels, des aspects de démocratie et d'État de droit", explique Konate à la Deutsche Welle.
En quoi cette force sera-t-elle différente ?
En quoi cette force sera-t-elle différente des initiatives précédentes mises en place dans la région pour lutter contre le terrorisme ? Pour le politologue Christian Moleka, la différence se fera essentiellement au niveau de la constitution des contingents :
"On sait qu'il y a des États qui ne pourront pas y être, comme le Niger, le Burkina et le Mali. Peut-être qu'on aura une entrée du Sénégal qui n'était pas dans le G5 Sahel. On verra également quelle sera la position du Tchad, qui est un acteur militaire important et qui n'appartient pas à la Cédéao. Il est bon de souligner que le Sahel, ce n'est pas que la Cédéao, comment cette architecture va s'harmoniser avec d'autres acteurs qui sont liés au Sahel, mais qui ne sont pas de la Cédéao, notamment l'Algérie et le Tchad. Le changement, ce serait peut-être également en termes d'alliance stratégique, à défaut d'avoir une alliance avec une France de moins en moins appréciée dans l'opinion africaine."
Que représentera concrètement cette force sur le terrain ?
L'agence de presse allemande précise que le commissaire de la Cédéao chargé des affaires politiques, de la paix et de la sécurité, Abdel-Fatau Musah, a déclaré que les pays membres mobiliseraient conjointement 1 milliard de dollars et pourraient ensuite rechercher des mécanismes de financement supplémentaires. Au total, ce sont 2,4 milliards de dollars qui sont nécessaires pour mettre sur pied le projet.
Au-delà des défis budgétaires, Hassane Koné qui est chercheur principal à l'Institut d'études de sécurité (ISS) insiste sur la symbiose entre cette force de la Cédéao et les armées nationales :
"Pour mettre en place et opérationnaliser cette force, il faudra que d'abord les pays mettent à disposition des troupes bien entraînées, équipées et motivées. Ensuite, que le commandement de cette force et les états majors des pays concernés établissent une coordination parfaite entre les armées nationales et les troupes de la force pour opérer ensemble sur les mêmes terrains. Cela passera par comment organiser le partage des renseignements, comment ensemble planifier les missions, comment mutualiser les moyens et comment s'apporter des appuis réciproques", souligne le chercheur.
Lors d'une réunion consultative militaire qui a eu lieu à Abuja, la capitale nigériane, ce 7 mai, le commissaire de la Cédéao chargé des affaires politiques, de la paix et de la sécurité, Abdel-Fatau Musah a cité les actions positives du gouvernement nigérian qui, selon lui, a su lutter contre le terrorisme et contenir la menace terroriste incarnée par Boko Haram au cours de ces dernières années.