Tunisie: Vie associative | Un creuset polyvalent

Le massif du Zaghouan, à un jet de pierre des principales localités du nord-est du pays, dont le tentaculaire Grand-Tunis regorge de ressources touristiques propres à satisfaire un très large éventail de clients tant nationaux qu'étrangers.

Il y a là un patrimoine naturel, botanique et géologique, très étendu et très varié qui accueille une dense population végétale et animale qui ferait le bonheur des écolos de toutes sensibilités et dont la configuration est également propice à la pratique de multiples sports. A toute cette richesse s'ajoute le legs culturel, archéologique et historique, dont certains aspects continuent de nourrir une identité propre à la région et très valorisante.

Pour autant, Zaghouan ne draine pas les grands flux de touristes en provenance de zones hautement émettrices d'excursionnistes, la capitale notamment, avec près de deux millions d'habitants, ou le Cap Bon ainsi que le Sahel, zones touristiques par excellence constamment en quête de produits nouveaux ou originaux pour répondre aux attentes d'une clientèle de plus en plus portée sur la nature et la culture. A qui la faute ? Le propos n'est pas de trouver un (ou des) coupable(s), mais bien plutôt d'identifier des lacunes qui pourraient expliquer une telle anomalie.

Et si la solution était le fruit d'une génération spontanée ?

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Pendant longtemps, des spécialistes ont imputé cette anomalie à l'absence sur place d'un organe fédérateur pour assurer à la fois la mise en valeur du produit, son encadrement et sa promotion. Et si une telle entreprise pouvait être le fruit de ce qu'on pourrait appeler une génération spontanée ?

En effet, dans les années 90 du siècle dernier, en marge des festivités du festival de l'églantier, le club « Grottes et Gouffres » de la maison des jeunes de Zaghouan a entrepris de poser les jalons de la spéléologie locale en organisant des excursions de découverte des grottes qui nichent dans les flancs du Jebel Zaghouan. Au fil des ans, cette activité s'est diversifiée pour englober d'autres branches des sports de montagne : mise au point de circuits pour randonnées, grimpe, accrobranches, tyrolienne, via serrata, etc. Cela a conduit, en 2003, à la fondation du club at-Tijwâl wal bî'a, ce que son fondateur et président, Mohamed Tiouiri, traduit en français par « Vadrouille et écologie ».

Association sollicitée

Parallèlement aux activités sportives, la jeune organisation a entrepris de développer des partenariats avec des associations soeurs de Tunisie et d'Europe qui se sont traduits par l'organisation de stages de perfectionnement, notamment en Allemagne, en Belgique, en France et en Suisse, mais également en Tunisie. Rapidement, la nouvelle association, grâce à son remarquable dynamisme, a été sollicitée par des scientifiques : géologues, archéologues, botanistes, etc. pour organiser dans la montagne des campagnes d'exploration.

Chemin faisant, et tout au long des deux dernières décennies, l'association avait le souci non seulement de promouvoir ses activités sportives, mais également celui de former ses membres à toutes ces disciplines pour pouvoir assister les spécialistes et encadrer les amateurs. Résultat : Zaghouan est aujourd'hui l'une des rares régions de Tunisie à disposer de personnels spécialisés pour aider à la consommation du produit touristique local avec un maximum d'efficience et de crédibilité.

Au fil du temps, ce projet de multiplication a fait son chemin. 17 ans déjà, le partenariat Stima-PSB, obtenteur italien des semences, arrive aujourd'hui à maturité, jetant les bases d'une coopération agricole très avancée. Ceci étant, dans la perspective de fournir à nos céréaliculteurs des quantités suffisantes de semences importées (Saragolla et Iride), celles déjà expérimentées depuis 2007. Leur mise à l'essai fut, alors, effectuée, sous l'égide de ministère de tutelle et ses groupements agricoles, dans des champs expérimentaux inspectés à la loupe, répartis sur sept gouvernorats du nord et du nordouest, à savoir La Manouba, Bizerte, Beja, Jendouba, Le Kef, Siliana et Zaghouan. «Les résultats avaient, à l'époque, dépassé toutes les prévisions, avec une récolte assez bonne, produisant 70 quintaux par hectare», se rappelle encore Kamel Beddouihech, céréaliculteur, à Beja-Nord.

L'homme était, alors, témoin d'une époque où la multiplication des semences de blé dur fut, d'ailleurs, considérée comme une initiative salutaire qui s'alignait, dès le début, sur les objectifs stratégiques du secteur. A Oued El Bagratte, à Beja-Nord, nul ne peut croire aussi facilement que certains champs du blé dur, pourtant cultivés en régime pluvial, sont encore si verdoyants et dotés de plantes correctement nourries et protégées. Selon M. Khelifi, semencier porteur d'un projet, fruit d'un partenariat public-privé, ce sont des champs érigés en parcelles pilotes de multiplication de blé dur, semées de «Saragolla» et «Iride». Beddouihech dispose de 15 hectares au total, comme terrain d'essai agricole étendu sur deux saisons 2023 et 2024 : «Saragolla nous l'avions déjà testée, il y a de cela 17 ans ou presque, c'est une variété devenue tunisienne puisqu'elle a été enregistrée sur notre catalogue local, depuis 2010. Elle faisait preuve des meilleures caractéristiques intrinsèques au niveau aussi bien de la quantité que de la qualité..». Ce céréalier lui a reconnu, également, son rendement et sa bonne adaptation au sol et à l'environnement : «Cette variété est en mesure de fournir 60 à 80 quintaux de blé dur par hectare, sous un régime pluvial. En irrigué, elle est d'autant plus prolifique qu'elle pourrait nous rapporter jusqu'à 90 quintaux/ ha».

Quand les céréaliers sont satisfaits

Mondher Gharbi, agriculteur à Amdoun, un des fondateurs du groupement de producteurs de céréales à Beja, en 2006. Il est, aussi, un des initiateurs des champs d'essai de blé dur, mettant cette variété à l'épreuve. Il était, ce alors, très satisfait et fort impressionné du niveau de rendement qu'elle avait réalisé. Il l'est encore aujourd'hui, étant de même avis qu'auparavant : «Saragolla est une variété qui gagne en qualité et en quantité, comme en témoignent les résultats jusque-là aboutis». Et comme il n'arrivait pas à se procurer cette variété au début des semailles, il a décidé de l'utiliser l'année prochaine, dans le cadre de ces parcelles de multiplication. Et de faire savoir que l'Institut national de la recherche agronomique de Tunisie (Inrat) semble, lui aussi, déterminé à s'engager dans pareils projets d'amélioration variétale. «Encouragé par notre expérience, l'Inrat travaille, désormais, sur l'innovation dans ce domaine, ayant le droit d'obtention de nouvelles variétés qui vont mieux avec notre climat et environnement», indique M. Gharbi.

D'ailleurs, à Beja, Jendouba et Bizerte, les champs de multiplication de « Saragolla » se portent à merveille. Là où a elle été semée, cette variété avait donné le ton, et dont l'actuelle campagne plaît à tous les céréaliers. Chose qui a mis du baume au coeur et qui a suscité chez le chef du projet, Abdelmonom Khelifi, l'envie d'aller généraliser l'expérience. «Cette année, environ 400 hectares de blé dur cultivés en régime pluvial sont, déjà, semés de la variété «Saragolla», et dont les champs de multiplication créés dans les régions de Bizerte, Béja et Jendouba sont considérés comme étant un terrain d'essai et d'expérimentation, censé être plus adapté à cette variété», indique M. Khelifi. Son souci est de parvenir à réaliser l'autosuffisance en blé dur. Et là, on est en droit de se poser cette question : si une telle variété présente un tel potentiel performant et des gains en termes de quantité et de qualité, pourquoi l'on n'a pas décidé de l'adopter et de l'importer, afin d'augmenter de plus en plus la production du blé dur et renflouer les caisses de l'Etat ? A bon entendeur !

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