Centrafrique: La dissolution de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation fait débat

En Centrafrique, les autorités ont dissout le 8 mai 2024 le bureau de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation (CVJRR). La CVJRR a été créée en 2020, pour quatre ans, pour « parvenir à une refondation de la mémoire collective par l'établissement de la vérité des faits entre "bourreaux et victimes" ». Sa dissolution fait aujourd'hui débat. Explications.

En Centrafrique, le bureau de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation (CVJRR) a été dissout le 8 mai 2024 par un décret présidentiel. Créée en 2020 avec un mandat de quatre années renouvelable, elle a pour but de favoriser la réconciliation et de promouvoir la paix à travers la justice transitionnelle.

« Il n'y pas eu de travail comme il se doit en faveur des victimes »

Cette dissolution intervient au moment où la commission prépare ses premières audiences publiques dans le pays.

Depuis des semaines, des voix s'élèvent dans le rang des victimes et même dans le milieu politique, dénonçant le manque de résultats satisfaisants de la CVJRR quatre ans après sa création.

Evodie Francine Ndémadé est la coordonnatrice des Associations des victimes de Centrafrique. « Il reste seulement une année pour que leur mandat s'achève, rappelle-t-elle. Mais il n'y pas un travail comme il se doit qui a été fait en faveur des victimes. Il y a aussi des mésententes entre les commissaires, ce qui empêche l'avancement des dossiers. Aujourd'hui, ce sont les victimes qui subissent les retombées ».

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« Nous n'avons travaillé que deux ans et dans les difficultés »

De leur côté, les commissaires de la CVJRR évoquent des problèmes d'organisation et de financement qui minent le bon fonctionnement de l'organe.

Francis Mongombé, son deuxième vice-président, souligne : « Nous avons été nommés le 30 décembre 2020, il a fallu deux ans, le 6 juillet 2022 pour que nous ayons un siège. Deux ans de mandat, debout, dans la rue. Sur 21 documents à élaborer, nous avons élaboré 17. Nous avons sillonné plus de 25 préfectures pour sensibiliser. Aujourd'hui, les gens voient quatre ans. Officiellement, nous reconnaissons que nous n'avons travaillé que deux ans et dans les difficultés. »

La dissolution de ce bureau intervient alors que la commission prépare ses premières audiences. De nombreuses victimes sont inquiètes et pensent que cette affaire constitue un frein au processus de réconciliation et de réparation dans le pays.

Mise à part ce décret, les autorités centrafricaines n'ont pour l'instant pas donné les raisons de cette dissolution et les étapes à suivre.

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