Congo-Kinshasa: Plaidoyer pour élever des journalistes assassinés au rang de martyrs de la liberté de la presse

L'Association congolaise des femmes de la presse écrite (ACOFEPE) a demandé, jeudi 9 mai, au Gouvernement d'élever 22 professionnels des médias assassinés à l'exercice de leur profession au rang des martyrs de la liberté de la presse.

Cette structure a fait cette demande au cours d'une journée portes-ouvertes et exposition photo organisées, à Kinshasa en hommage à ces journalistes assassinés en RDC entre 1994 et 2021.

Les organisateurs de cette journée et les orphelins des journalistes plaident également pour l'érection, dans la capitale, d'un monument mémoire de ces professionnels de la presse.

Des photos de ces illustres disparus ont été exposées au Centre Carter, lieu de la manifestation, dont celles de Franck Ngyke du journal La Référence plus, de Didace Namujimbo et Serge Maheshe de Radio Okapi, abattus par des hommes armés à Bukavu au Sud-Kivu, il y a plus de 15 ans.

Ces professionnels de la plume et du micro ont été fauchés à cause de leur engagement pour la recherche de la vérité.

Des souvenirs douloureux

Déo Mulima, rédacteur en chef du quotidien « La Référence Plus », s'est souvenu encore des derniers moments passés avec son collègue assassine, Franck Ngyke.

Il fustige que les enquêtes sur ce dossier n'ont jamais abouti :

« Dans la nuit du 2 novembre 2005, je suis la dernière personne qui avait parlé à Franck Ngyke. On ne peut pas comprendre, je crois que vous avez vu les photos de journalistes, tous ont été assassinés et la cause de leurs morts n'a jamais été élucidée ».

Les veuves, orphelins et proches-parents de ces journalistes ont aussi participé à cette cérémonie en mémoire de leurs défunts parents et époux.

Grace Ngyke, la fille de feu Franck Ngyke a sollicité réparation au nom de tous ces orphelins :

« Depuis 19 ans le silence a été la réponse à notre souffrance, mais aujourd'hui ce silence se brise. Ainsi nous demandons à l'Etat congolais, aux organisations de défense des droits humains et à vous tous de nous soutenir dans notre quête de justice. C'était de graves violations des droits de l'homme ».

Dans ce même élan de solidarité, ces enfants des journalistes et les journalistes congolais demandent au Gouvernement une reconnaissance officielle de la Nation en mémoire de leurs parents et des confrères décédés.

Mettre fin à l'impunité

Maître Kabongo, l'un des avocats des victimes, invite les autorités congolaises à mettre fin à l'impunité et à protéger les journalistes :

« Le gouvernement de la RDC en toute respectabilité ne devrait pas seulement célébrer théoriquement des journées pour la fin de l'impunité. Mais qu'il s'engage pour que la RDC se lance dans la lutte contre l'impunité ».

Les activités de plaidoyer vont se poursuivre jusqu'au 2 novembre 2024.

Les journalistes assassinés travaillaient dans les provinces de l'Equateur, du Kongo-Central, du Haut-Katanga, du Kasaï-Oriental, de l'Ituri, des deux Kivus et à Kinshasa.

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