Le manque de transparence dans l'attribution des accords et licences de pêche a été toujours décrié par les acteurs et la société civile. La publication de la liste des navires autorisés à pêcher dans les eaux sénégalaises par le nouveau gouvernement constitue donc un grand pas vers la régulation du secteur.
Ces dernières années, le secteur de la pêche fait l'objet de nombreuses controverses dont l'attribution de licences de pêche à des navires présumés étrangers par le ministère de la Pêche et de l'Economie maritime (MPEM). Selon les acteurs de la pêche, des navires bénéficiaires de ces licences sont déclarés sous pavillon sénégalais à travers des intermédiaires locaux alors que leurs véritables propriétaires sont des Turcs ou des Chinois. Des opérations de fraude sont souvent dénoncées. Elles consistent pour certains navires étrangers «sénégalisés» à procéder à des exportations de produits dans l'espace de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en profitant du label sénégalais.
Ce qui leur donne droit à certains avantages dont l'exonération de droits de douane. Pour une plus grande transparence dans le secteur, les acteurs avaient demandé à l'Etat de divulguer l'identité des bateaux qui sont autorisés à pêcher au Sénégal avec une licence en bonne et due forme. Dans son programme présenté lors de la campagne pour la présidentielle de 2024, le candidat Bassirou Diomaye Faye avait promis de protéger la pêche artisanale de l'incursion des bateaux étrangers. Il s'était engagé par ailleurs à mettre en oeuvre des plans d'aménagement portant sur des pêcheries capitales.
Ainsi, les pêcheries concernées par les plans d'aménagement seront identifiées et sélectionnées en rapport avec les spécialistes habilités au sein de l'administration des pêches et toutes les parties prenantes concernées parmi lesquelles les institutions de la recherche halieutique et les professionnels du secteur. Le nouveau président prévoit aussi d'élaborer et de mettre en oeuvre un Plan National d'Immersion et de Gestion des Récifs Artificiels communément appelé «PLAN RECIFS». Conformément à ces engagements des autorités, la ministre des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires, Dr Fatou Diouf, a rendu publique lundi dernier la liste des navires autorisés à pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise, à la date du 6 mai 2024.
Selon le document 132 navires nationaux et 19 navires étrangers sont autorisés à pratiquer la pêche dans les eaux sénégalaises. La publication de cette liste, tant réclamée par les acteurs de la pêche, constitue un grand pas vers la transparence dans la gestion des ressources halieutiques au Sénégal. Toutefois, il faut relever que les acteurs attendent aussi de l'Etat l'application des textes réglementaires et des documents stratégiques pour cesser le plus rapidement le pillage des ressources aux larges de nos côtes.