Le monde de l'art malgache a été ébranlé par le décès de Guy Rajaofetra, plus connu sous le nom d'artiste Xhi, survenu le 7 mai. La ville des Mille perd un de ses repères culturels contemporains.
Chez Xhi, il n'a jamais été interdit d'être visionnaire. Puis il a « tourné le dos » mardi dans la discrétion familiale. Selon le programme des funérailles, Guy Rajaofetra, son nom dans le civil et ingénieur en physique, sera inhumé à Ambatondratrimo Ambohimamory Ampitatafika, dimanche à 15 h. Dans la vie d'un simple citoyen malgache passant par la capitale, à l'instar de visiter l'Anatirova, la colline sacrée d'Ambohimanga, flâner aux pavillons d'Analakely, se perdre dans les quartiers d'affaires d'Andraharo... discuter avec Xhi devrait être un passage obligé.
Tout comme ces patrimoines historiques, ce féru de patriotisme possède un regard tourné et assumé vers le passé. Tout comme ces nouvelles architectures en verre et métal de la ville des Mille, il a un ancrage éclairé sur le présent. Son décès a suscité une énorme vague de réactions. Aujourd'hui, Facebook peut annihiler les distances, Hajazz de Solomiral, Jonny R'afa, Monique Rakotoanosy, Olombelo Ricky, Farahaingo, Gothlieb, Diojay, le groupe Da Hopp, les Zanadranavalona Anosimanjaka... ont tous rendu hommage à un grand homme de culture. Un Malgache parfois pris pour un visionnaire incalculable, avec ses théories géopolitiques et culturelles discutables certes, cependant innovantes et qui titillent l'attention. Un Malgache dont l'amour pour la terre de ses ancêtres pourrait s'aligner à celui des grands monarques et patriotes comme Toera, Andrianampoinimerina, Rabezavana, Rainibetsimisaraka...
Sans oublier un talent inné pour la musique, ses chansons les plus mémorables étant des reprises traduites de morceaux comme « On ira tous au paradis » de Michel Polnareff, « Sur le chemin de l'école » de Gérard Lenormand... et la fameuse graine, « Besorongola », la fulgurance rock de toute une génération d'après. Aussi nombreux sont les mythes et légendes qui l'entourent, raconter ses faits d'armes tiendra difficilement dans un long métrage. Sauf qu'il faut mentionner que Guy Rajaofetra fait partie des derniers grands maîtres de la peinture malgache. Ils sont six ou sept encore en vie maintenant à Madagascar.