Dors en paix Gaïndé, dors Essamay, nous ne t'oublierons jamais. On te tue, on ne te déshonore pas !
Il est 17h. Le temps est beau. La pelouse est verte et les fleurs exubérantes. Le stade est comble, 60 000 âmes crient et chantent à tue-tête : Essamay, Essamay, Essamay... Au fond ce peuple se demande encore comment te dire assez merci ? Aujourd'hui, trente-neuf ans plus tard, ce peuple est toujours sous l'impression du bien-être physique et moral dans lequel ton courage, ta détermination, ta vaillance, ta force, ton éclatante intelligence tactique, pour tout dire ton patriotisme, l'ont fait littéralement baigner, un soir de septembre 1985 sur cette bien verte pelouse du stade Demba DIOP. Mais encore JULES, permets à l'homme politique que je suis, de te dire ma respectueuse sympathie pour ton rôle dans la consolidation de la nation sénégalaise.
En effet, tu as compris très vite, comme Ernest Renan, que la nation finalement était «un plébiscite de tous les jours», qu'elle ne pouvait pas être fondée sur la base de critères géographiques, biologiques ou linguistiques, mais sur la volonté exprimée par un groupe d'hommes et de femmes de vivre ensemble.
En étalant ton patriotisme partout et tout le temps, tu montras par l'exemple que la nation était une sorte de contrat passé volontairement entre des individus, afin de rendre possible une vie commune. Ce faisant, tu légitimais le rattachement de la Casamance au Sénégal. Et il a raison ATEPA, le bien nommé, bâtisseur de la paix, de nous rappeler que tu eusses tellement aimé que la paix s'installât en Casamance avant ta disparition.
Merci donc Pierre ATEPA, merci doyen Abdoulaye DIAW, historien de notre football, merci FADIGA coeur de lion, merci El Hadj Diouf enfant prodige qui nous rappelle si justement que «Gaïndé dou dé, dafay nopalou». Un être bon à l'esprit rayonnant, un patriote sincère et courageux s'en est allé. Nous te pleurons parce que nous t'aimons, mais il nous semble entendre d'ici le chant des Bienheureux, et te voir au milieu d'eux ! En nous quittant pour gagner la maison du Père, tu as fait naitre une étoile dans les cieux.
Dors en paix Gaïndé, dors Essamay, nous ne t'oublierons jamais. On te tue, on ne te déshonore pas !