Afrique: Pour la Fête des mères, voici 5 bonnes raisons de célébrer la maternité choisie

NATIONS UNIES, New York — Toute femme a le droit de choisir si elle souhaite de devenir mère ou non. En réalité pourtant, des millions de femmes et de filles sont confrontées à de forts taux de violence sexuelle, à un manque d'accès aux contraceptifs et à des lois et des normes restrictives qui limitent leur autonomie en matière de procréation. Pour elles, la décision reproductive la plus importante de leur vie est en fait une absence de décision.

Ce mois-ci, alors que plus de 100 pays célèbrent la Fête des mères, nous voulons attirer l'attention sur la puissance et l'importance de l'exercice d'un choix dans l'action de devenir mère, un pouvoir qui n'est accordé qu'à trop peu de personnes. Nous explorons ci-dessous la maternité en tant que choix qui s'enracine dans les droits humains ; les progrès accomplis dans l'autonomisation des femmes ; et les domaines où il est nécessaire d'intensifier notre soutien. Voici donc cinq bonnes raisons de défendre la liberté de choix à l'occasion de la Fête des mères.

1. L'absence de choix nuit à l'égalité, à la santé et au bien-être économique.

Dans le monde entier, un nombre incalculable de femmes et de filles n'ont pas la possibilité de choisir si, quand et avec qui avoir des enfants, ce qui a de graves conséquences pour elles, pour leur famille et pour les sociétés tout entières. Cela s'applique par exemple si une femme devient mère sans l'avoir souhaité, ou si elle souhaite le devenir mais n'en a pas la possibilité.

À l'échelle mondiale, près de la moitié des grossesses sont non intentionnelles. Les données montrent que les grossesses non intentionnelles sont liées à des violations des droits de la personne, à une détresse psychologique, à de la maltraitance d'enfants, à des taux faibles de soins prénatals, d'allaitement et de vaccination et à leur application tardive, ainsi qu'à de plus forts taux de mortalité maternelle du fait d'avortements non sécurisés.

Les femmes qui désirent avoir des enfants mais n'en ont pas la possibilité (que ce soit dû à une infertilité, à un stress économique ou à d'autres facteurs) connaissent souvent des souffrances psychologiques et plus tard dans leur vie des difficultés financières, sans compter qu'elles peuvent aussi souffrir d'une stigmatisation sociale.

D'une manière générale, priver les individus de leur liberté reproductive entrave leurs aspirations tout au long de leur vie, et en affecte tous les aspects depuis l'avenir scolaire et les opportunités de carrière jusqu'à la santé mentale et physique.

« Les filles ne tombent pas enceintes par choix », déclare Mangenda Kamara, co-fondatrice d'un projet de mentorat pour les adolescentes enceintes en Sierra Leone. « Mais [à cause] d'une extrême pauvreté ainsi que de la violence et de nombreux niveaux de coercition, notamment des relations sexuelles tarifées, leurs options sont limitées. »

2. La capacité de choix au niveau individuel produit des bénéfices au niveau global.

Les filles et les femmes scolarisées ont plus de chances d'accéder aux soins de santé, d'avoir conscience de leurs droits et d'avoir suffisamment confiance en elles pour les exercer. Créer des opportunités plus nombreuses pour les femmes a des répercussions sur plusieurs générations, car celles qui font partie du marché du travail sont plus susceptibles d'exiger la même chose pour leurs filles, ce qui ouvre la voie à une plus grande égalité et par la suite à une autonomisation économique, sociale et personnelle.

Le coût d'une grossesse pendant un emploi peut s'avérer très élevé pour les femmes, car cela requiert de sortir temporairement du marché du travail, de réduire son volume horaire et/ou de perdre des compétences, ce qui découragera ensuite les employeurs et employeuses d'investir plus avant dans leur personnel. Pourtant, on remarque que les employeur·se·s ont de plus en plus conscience des gains potentiels que présente le soutien à la santé sexuelle et reproductive pour leurs propres objectifs, et donc aussi pour les économies nationales. Une étude menée au Kenya a montré que si les deux tiers des besoins non satisfaits du pays en contraceptifs modernes étaient satisfaits, son économie connaîtrait une augmentation de 51 % du PIB par habitant·e d'ici 2050. Des femmes comme Diana Donƫu, directrice générale d'une entreprise en République de Moldova, témoignent des bénéfices des politiques favorables à la famille comme le télétravail et la garde d'enfants sur le lieu de travail : « sans ces politiques, il me faudrait trouver une autre entreprise ou bien rester mère au foyer », explique-t-elle.

3. La protection du droit à choisir ou non la parentalité est essentielle à la réalisation de l'égalité des genres.

La possibilité de choisir ou non la maternité est intrinsèquement liée à l'égalité des genres : lorsque les personnes, en particulier les femmes, ont le contrôle de leur vie reproductive, elles peuvent participer de manière plus active à la société et exercer leur droit à l'autonomie corporelle.

Mais les normes inégales selon le genre privent les femmes de leur droit à choisir si et quand porter des enfants : « l'une de mes proches était assez jeune lorsqu'elle s'est mariée, et a subi des pressions pour tomber enceinte la première année », témoigne une femme en Jordanie auprès de l'UNFPA. « Les adolescentes et les jeunes souffrent beaucoup », souligne un homme en République unie de Tanzanie. « On leur donne des informations incorrectes et anxiogènes. »

« Un·e pharmacien·ne a dit à mon amie qu'elle ne pouvait pas utiliser de contraception d'urgence parce qu'elle allaitait », explique une autre femme, en Espagne. « C'est comme cela qu'elle a eu son quatrième enfant. »

Les normes de genre inégales forcent les femmes à choisir entre les enfants qu'elles désirent et l'avenir auquel elles aspirent. Des données montrent que les femmes sont fréquemment exclues du marché du travail après avoir eu des enfants, ce qui les contraint à des situations de dépendance ou de précarité économique. Lorsqu'elles parviennent à conserver un emploi rémunéré, ce sont sur elles que pèse la grande majorité des responsabilités domestiques et des soins. « Je voudrais me marier un jour », déclare Hideko, 22 ans, qui travaille dans un bureau à Tokyo. « J'aimerais conserver mon emploi, et mon partenaire et moi devrons partager les tâches ménagères et l'éducation des enfants. »

4. Les femmes sont des personnes douées d'autonomie, et non des machines à faire des enfants qui influencent les dynamiques démographiques.

Le résultat de ces inégalités est que de nombreuses femmes ont plus d'enfants qu'elles n'en souhaitent, tandis que d'autres veulent plus d'enfants qu'elles n'en ont. Toutefois, lorsqu'on parle de taux de natalité et de fertilité, les désirs des femmes en ce qui concerne la taille de leur famille sont trop souvent ignorés.

Contraindre les choix reproductifs a de profonds effets sur les individus, les familles et les communautés. Ne pas avoir d'enfant sans l'avoir choisi peut avoir un impact psychosocial et économique négatif, surtout s'il existe peu d'options de procréation assistée. Le choix délibéré de ne pas avoir d'enfants est quant à lui source d'une sévère stigmatisation. Avoir plus d'enfants que prévu peut créer des cycles de pauvreté, limiter l'accès à la scolarité et présente un risque élevé de mortalité, en particulier pour les filles et les adolescentes.

Le monde entier échoue cependant à faire du pouvoir de décision des femmes en matière de procréation une priorité. Le dernier rapport phare de l'UNFPA démontre que dans 69 pays, un quart des femmes n'est toujours pas en mesure de prendre ses propres décisions en ce qui concerne sa santé. Un quart n'a pas la possibilité de refuser un rapport sexuel avec son mari ou partenaire. Près d'une femme sur 10 n'est pas en position de décider de sa contraception. Pour la toute première fois, l'UNFPA dispose de données conjoncturelles sur la capacité des femmes à prendre leurs propres décisions en matière de santé sexuelle et reproductive : sur 32 pays pour lesquels des données sont disponibles, 40 % ont vu l'autonomie corporelle des femmes diminuer au fil du temps.

5. Cela permet d'affirmer le droit à l'autonomie corporelle et reproductive, et ce pour toutes et tous.

Le droit de choisir d'être enceinte ou non est lié à bien d'autres droits : celui d'être propriétaire de son propre corps et de son avenir, celui d'avoir accès aux soins, celui d'élever des enfants dans un environnement sûr et sain. Pour beaucoup, cette autonomie reste hors d'atteinte. « Lorsqu'elles vont se procurer un moyen de contraception dans une clinique, la plupart des femmes ont toujours besoin du consentement de leur partenaire », souligne une femme au Nigeria. « Les hommes sont autorisés à influencer la décision des femmes. » Parfois, une simple question d'offre et de demande détermine le destin d'une famille : « dans la plupart des cas, les options de contraception sont déterminées par leur disponibilité, et non par le choix de la personne qui en a besoin », explique un homme en Ouganda.

D'autre part, le soutien à l'autonomie et à la liberté de choix des femmes peut permettre l'épanouissement de toute la population. On le voit bien dans l'inclusivité de plus en plus large des mouvements communautaires et dans les liens forgés entre les groupes féministes, LGBTQIA+ et dédiés à la justice raciale. « Un public très diversifié, depuis des féministes jusqu'à des groupes autochtones en passant par des militant·e·s de la jeunesse et du climat nous montrent déjà la voie à suivre pour un avenir commun plus juste », déclare la Dr Natalia Kanem, directrice exécutive de l'UNFPA.

« Notre résilience ne provient pas d'une souche individuelle, mais émane du collectif, de nos destins entremêlés. C'est là que réside notre force, et c'est ainsi que nous agirons et réussirons : en travaillant ensemble. »

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