C'est dans son quartier général et studio à Behoririka que Hell's Rush a permis à quelques privilégiés d'écouter en avant-première son deuxième album « In the name of love ». La sortie est prévue dans les jours à venir.
Avec son nouvel opus « In the name of love », prévu sortir la semaine prochaine, Hell's Rush raisonne en virtuosité, avec des sons se situant quelque part entre le heavy métal, le pop rock et le blues. « C'est le fruit de toutes nos influences, parce que chaque membre a eu son parcours respectif au départ », souligne Karim, un des membres fondateurs. Le disque se veut donc être un point culminant avec dans l'âme le contestataire, le dédain de l'injustice. Les explications de Chloé Soavina, la chanteuse à la fraîcheur audacieuse d'une jeune biche des premiers jours du printemps, de Lalah Kazar la légende et de Karim, éclairent un peu plus.
Le produit s'adresse, entre autres, « aux chefs d'État mondiaux, à ces fous qui préfèrent le langage de la guerre... Rien que les enfants qui meurent en Palestine, nous le dédions à toutes les femmes, les enfants dans ce monde, qui souffrent à cause de la violence », ajoute Karim. Les neuf titres d'« In the name of love » sont traversés par une trame aérienne, virevoltant sur les à-coups bluesy de Karim à la guitare. Suffisant pour insérer la voix veloutée de la chanteuse Chloé, comblant avec justesse les intervalles. Tandis que les rythmiques, dictées pas la batterie de Lalah Kazar, s'imbriquent avec une force maîtrisée et calibrée par son agilité. Lui qui a accroché son nom au panthéon du thrash métal national, l'exercice ravira ici les mélomanes.
De même que la basse, d'une souplesse dynamique, suffit pour servir d'échafaudage à la bâtisse. Cette polyphonie est sensible dans des morceaux tels « Aza miherika », une chanson sur un amour épineux, dans un environnement animal, presque forcé d'être dompté. Hell's Rush se retient. Les connaisseurs et connaisseuses le savent capable de détacher la bête. Les trois complices s'amusent même en évoquant « Eternity », un petit ovni dans un disque aux allures rock. « Nous élargissons nos horizons, nous ne voulons pas être trop cadrés par un style », laisse entendre Chloé Soavina.
Ainsi, l'ensemble s'assimile à une évasion vers un horizon aux teintes unies mais variées. C'est tout le pari dans cet exercice de sortir un album, créer une chose compacte tout en distillant une personnalité à chaque titre. « Nous tenons toujours à notre ligne directrice, le heavy métal », affirme Karim. Le coeur battant d'« In the name of love » se retrouve sur « Island of love ». La voix de mezzo-soprano de la chanteuse enrobe soigneusement les lyrics. « We are the problem/We are the solution », scande-t-elle. Pour dire que si le genre humain s'est empêtré dans ses problèmes d'aujourd'hui, il possède toute l'intelligence et la force de s'en sortir. Et qu'il ne devrait compter que sur lui-même. Des messages simples, limpides et accessibles à toutes les oreilles.
Hell's Rush est apparemment partisan du : aide-toi et le ciel t'aidera. « À Madagascar, la pauvreté a atteint les limites du supportable », avance Karim. Lalah Kazar acquiesce par sa gestuelle. Les deux ont été témoins d'une femme tombée dans les pommes, non loin du studio, incapable même de prendre l'aide qui lui a été proposée. « Il y avait aussi un homme mûr, en veste et pantalon, qui s'est affalé sur le sol parce qu'il avait faim ». Karim regrette, « plus le temps passe, plus le monde se dérègle ». Et d'ajouter, « mais nous ne sommes pas abattus ». D'ailleurs, ce nouveau disque laisse penser au réconfort d'une mère remontant le moral accablé d'un fils. Il y a du chaleureux, de l'affection, de la compréhension, voire de la spiritualité. « In the name of love » est loin d'être un cri enragé, certes utile face à la surdité du système. Hell's Rush y chasse par vague de finesse les turbulences de l'amertume collective.