Sénégal: Felwine Sarr, à la rentrée littéraire de la maison d'édition « jimsaan » « L'économie du livre est difficile»

interview

La maison d'édition «Jimsaa» organise depuis le mercredi 8 mai plus précisément, sa première rentrée littéraire. A cette occasion, Felwine Sarr, écrivain sénégalais non moins économiste s'est exprimé sur la question de l'impact que crée la crise économique sur l'édition. Interrogé par Sud Quotidien, il confie que « L'économie du livre est difficile».

Pouvez-vous revenir sur la quintessence de la rentrée littéraire de la maison d'édition «Jimsaan»?

L'idée de cet évènement, c'est après 10 ans d'existence de venir présenter un certain nombre d'auteurs que Jimsaan a publié et de créer une chaîne littéraire vers un lieu de débat autour de romans, en invitant les auteurs et en faisant en sorte qu'on puisse les interroger en entrant en profondeur dans leurs oeuvres, dans leurs esthétiques et dans leurs propos. On a présenté quatre auteurs hier (jeudi-ndlr), et aujourd'hui on en présente deux et demain un. On veut contribuer à l'animation de la vie intellectuelle et culturelle du pays, en proposant justement des discussions autour de la littérature et des essais issus du travail que l'on fait depuis un certain nombre d'années.

D'où est venue l'idée de mettre sur pied cette maison d'édition « Jimsaan » ?

Avec Boubacar Boris Diop et Nafissatou Dia, il y a plus de 10 ans, on était trois auteurs Sénégalais qui publiaient à l'étranger et on estimait qu'on pouvait créer une maison d'édition exigeante et de qualité sur le continent, au Sénégal, pour que nous soyons pas tous obligés, si on veut une publication de grande qualité, de nous faire éditer à l'étranger. C'est ça le début de l'idée. Et puis, on a vu aussi des textes importants qui ne circulaient plus comme Malick Fall, « La plaie », « Comment philosopher en islam ? » de Souleymane Bachir Diagne. Il y avait tout un travail de réédition à faire pour faire ré-exister les textes. Aussi, un travail de repérage pour découvrir de jeunes auteurs comme Mouhamed Mbougar qui est devenu aujourd'hui incontournable mais c'était aussi de poser un regard sur la scène, sur les auteurs qui émergent et de les accompagner.

Quelles sont les attentes ?

De découvrir beaucoup d'auteurs du continent qui ont du talent qui ne demandent juste qu'à entrer dans une structure qui les encadre, de porter aussi un regard sur le monde à partir d'ici et aussi d'accueillir des voix du monde qui ne sont pas des voix africaines, qui veulent entrer en dialogue avec nos préoccupations et nos questions.

Quid de l'impact de crise économique sur l'édition en général ?

C'est extrêmement difficile, parce que l'économie du livre est difficile. Les livres sont chers pour les bourses et les pouvoirs d'achat. Il faut minimiser les coûts, les faire circuler, les distribuer mais en même temps en minimisant les coûts à l'extrême on risque d'avoir des produits de toute mauvaise qualité. On essaie de trouver un équilibre entre la qualité, l'exigence et le prix. On s'est fixé une règle, c'est de vendre tous nos livres en dessous de 10 000F. Il se vend à 6500F, 7000F, 8000 mais les livres de 380 pages, on essaie de les vendre en dessous du seuil de 10 000 F CFA

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