La décision prise par l'Etat de confier la distribution des semences et engrais à l'armée en relation avec le ministère de l'Agriculture n'est pas très bien appréciée par certaines organisations paysannes. En effet, selon le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr), cette tâche devrait être attribuée aux organisations professionnelles agricoles qui ont un ancrage réel sur le terrain.
Dans le cadre de la préparation de la campagne agricole 2024, le nouveau gouvernement a pris un certain nombre de mesures notamment la distribution des semences par l'armée en relation avec le ministère de l'Agriculture. Une décision qui n'est pas appréciée par le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) qui pense que l'Etat pouvait confier cela aux organisations professionnelles agricoles. « On pouvait responsabiliser les organisations professionnelles agricoles qui ont un ancrage réel sur le terrain, accompagnées des forces de défense et de sécurité dans cette distribution.
Ils ont été toujours membres des commissions de distribution. Je pense que l'innovation serait de mettre à l'épreuve les organisations professionnelles pour voir ce dont elles sont capables de faire tout en étant assistées par des forces de défense et de sécurité. Parce que nous connaissons à notre niveau qui produit et qui ne produit pas », a soutenu le porte-parole du Cncr Sidy Ba. Pour lui, confier la distribution des intrants à l'armée, c'est comme si les organisations paysannes qui sont sur le terrain ne peuvent pas régler leurs problèmes elles-mêmes.
Revenant sur le quota attribué aux gros producteurs, Sidy Ba relève que toutes les grandes magouilles sont opérées au niveau de ce quota. « Le gros producteur est supposé avoir les moyens pour respecter la planification de ses activités annuelles. Il est supposé avoir ses propres semences et engrais et acheter son tracteur. Il faut subventionner les producteurs organisés au moins en coopérative qui ont une base de données reconnue par les services de l'Etat. Ce sont les coopératives qui méritent d'être aidées. On a des membres répertoriés et bien connus, aujourd'hui si on nous donnait 50 tonnes dans ce quota, on pourra le distribuer à nos membres sans pour autant qu'il ait les gros bonnets qui sont des marabouts et des responsables politiques », suggère-t-il.
Par ailleurs, il invite l'Etat à mettre les intrants à temps à la disposition des commissions de distribution et de revente et les vendre à des prix supportables. Aussi, demande-t-il aux autorités d'appuyer davantage les efforts des paysans en soutenant le prix au producteur. « L'année dernière, l'arachide a été acheté à 280 francs le Kg. S'ils nous font une subvention de 200 francs, cela nous fera 480 francs et ainsi ils feront mieux que les Chinois. Pour finir, le Cncr apprécie la décision prise par le Président de la République Bassirou Diomaye Faye relative à la révision de la loi d'orientation sylvo pastorale ainsi que l'organisation d'un Conseil d'orientation sylvo agro pastoral.