Sénégal: Un projet de loi pour une plus grande protection des lanceurs d'alerte

Au Sénégal, une des promesses du président Bassirou Diomaye Faye, au lendemain de son élection, était de protéger les lanceurs d'alerte qui participent à la lutte pour la transparence. Il a instruit le ministre de la Justice de proposer un projet de loi d'ici au 15 mai, une bonne nouvelle pour la Plateforme de protection des lanceurs d'alerte en Afrique qui se bat pour faire reconnaître leur rôle et instaurer un cadre juridique autour d'eux.

Si une dizaine de pays d'Afrique anglophone ont déjà une loi de protection des lanceurs d'alerte, le Sénégal serait une première, en Afrique francophone.

Mettre en place ce type de mécanisme est indispensable, selon la plateforme de protection des lanceurs d'alerte en Afrique (PPLAAF) car ces personnes se retrouvent souvent harcelées, menacées ou contraintes à l'exil.

C'est le cas de Jean-Jacques Lumumba qui a dénoncé des faits de corruption au sein de la banque dans laquelle il travaillait, en République démocratique du Congo : « À un moment donné, en essayant de me battre en interne, mon directeur général, à l'époque, était très puissant. Il m'a clairement menacé de mort. Les faits, qui ont commencé dans la banque et qui avaient des implications politiques, m'ont poussé moi-même à l'exil ainsi que ma petite famille. Mon frère et ma soeur ont malheureusement aussi fini en exil », détaille le banquier et lanceur d'alerte.

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C'est également le cas d'Amadou Traoré au Mali qui a alerté sur le trafic de bois rose dans son pays et a aussi dû s'exiler.

L'Association a formulé une série de recommandations auprès du président et du ministre de la Justice. D'abord une définition claire du lanceur d'alerte qui n'est pas un journaliste mais une personne qui dénonce des faits au sein de la structure où il travaille ainsi que d'autres pistes de réflexion.

« Une définition claire du champ d'application du lancement d'alertes. Quelles sont les entités qui sont concernées ? », souligne Jimmy Kande, directeur de PPLAAF en Afrique francophone, qui questionne les mesures permettant d'aider les lanceurs d'alerte : « Il faudrait mettre en place des canaux de signalement qui les protègent. Quels sont les mécanismes financiers qui vont être mis en place pour venir en aide au lanceur d'alerte ? Quels sont les mécanismes qui vont être mis en place pour protéger sa famille ? »

Jimmy Kande espère qu'une telle loi, si elle est votée, pourra faire des émules en Afrique de l'Ouest.

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