Tchad: Présidentielle au pays - Un Ange pas très catholique

On se doutait bien que cet ANGE n'était pas... catholique.

En 72h chrono, soit le jeudi 9 mai 2024, l'Agence nationale de gestion des élections (ANGE) a proclamé les résultats provisoires de l'élection présidentielle du lundi 6 mai. Et sans surprise, c'est le général Mahamat Idriss Deby qui a été déclaré vainqueur avec 61% des voix contre 18% à son Premier ministre et non moins adversaire, Succès Masra. La 3e place, elle, est revenue à l'ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké, 16% des voix.

Une célérité bien suspecte dans la mesure où la publication des données électorales était attendue pour le 21 mai à peu près. L'ANGE devait collecter au niveau des sous-préfectures et des provinces les plus de 26 000 procès-verbaux de dépouillement des bureaux de vote avant de les convoyer à son siège à Ndjamena pour la compilation et la saisie.

Une procédure de collecte, de transmission et de traitement assez longue qui nécessitait sans doute beaucoup plus de temps.

D'ailleurs, de mémoire de Tchadien, jamais résultats d'élections n'avaient été donnés avec autant de rapidité. C'est à croire que cet ANGE, dont on disait déjà qu'il avait des allures de démon, est plutôt du genre supersonique.

Faut-il croire que le général cinq étoiles, ayant senti souffler le vent de la défaite, a préféré prendre les devants pour éviter ce qui aurait pu paraître comme une humiliation ? Avant l'annonce faite par l'ANGE, le candidat du parti Les Transformateurs, Succès Masra, dans une déclaration solennelle, avait déjà revendiqué la victoire comme pour couper l'herbe sous les pieds de celui qui serait tenté de « voler sa victoire au peuple ». « Tchadiens, mobilisez-vous pacifiquement, dans le calme, pour prouver votre victoire. »

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Ça n'aura finalement servi à rien, et plus que jamais, son avenir politique est de nouveau en pointillé.

Pensait-il pouvoir ravir le pouvoir au clan Deby, lui qu'on a juste utilisé comme un faire-valoir pour donner au système l'illusion d'ouverture ?

Va-t-il de nouveau prendre le chemin de l'exil comme ce fut déjà le cas après la violente répression des manifestations au bilan macabre à polémique le 20 octobre 2022 après que le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) eut accordé à Mahamat Idriss Deby la possibilité de se présenter à la présidentielle ?

Il faut en tout cas craindre, si la contestation devait embraser la rue, que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets. Sinon plus, car si déjà les « tirs de joie » des militaires ont fait une dizaine de morts, qu'en sera-t-il quand il s'agira de tirer sur des croquants ? Drôle d'ailleurs de manifestation de joie ou, au lieu de tirer en l'air, on semble avoir visé exprès des citoyens.

Comme si cela ne suffisait pas, interdiction est faite aux services hospitaliers de donner des informations aux journalistes, ce qui provoque la colère des syndicats de la presse. Certains responsables de médias s'en indignent et dénoncent « une menace grave à la liberté de la presse ».

On a donc la faiblesse d'affirmer : silence, on tue !

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