Sénégal: La démission des ministres de leurs postes électifs est un 'acte de rupture', selon un universitaire

Dakar — Le chercheur sénégalais Serigne Mbaye Mbodj considère la démission du Premier ministre, Ousmane Sonko, et de membres du gouvernement de leurs postes électifs comme un "acte de rupture" et le "signal fort d'un nouveau style de gouvernance des affaires publiques".

"La décision du Premier ministre et des membres du gouvernement de se libérer de leurs mandats électifs pour se consacrer exclusivement à leurs fonctions de ministre, se veut un acte qui rompt d'avec le cumul de mandats ayant longtemps constitué une pratique politique au Sénégal", a déclaré le politiste dans un entretien avec l'APS.

"Les nouvelles autorités tentent d'envoyer le signal fort d'un nouveau style de management des affaires publiques", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre Ousmane Sonko a officiellement démissionné de son poste de maire de la commune de Ziguinchor (sud), qu'il occupait depuis les élections municipales et départementales de janvier 2022.

Cette démission de M. Sonko de son mandat électif obéit à une directive du président de la République Bassirou Diomaye Faye, demandant à tout membre du nouveau gouvernement installé le 5 avril dernier, qui cumule des mandats électifs (collectivités territoriales, Assemblée nationale), de se démettre de ses fonctions dans un délai d'un mois.

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A la date du 5 mai dernier, tous les concernés se sont conformés à l'injonction présidentielle.

Par cette disposition, les nouvelles autorités politiques inaugurent une ère "de nouvelles pratiques politiques sur fond de vertu, d'éthique et de morale", pense savoir le spécialiste des questions de démocratie et de bonne gouvernance.

En outre, "s'il est impossible de cumuler la fonction de ministre et la charge de député, précise-t-il, aucune disposition légale ou réglementaire n'empêche d'être député et maire, ministre et maire, maire et directeur général ou président de Conseil d'administration".

"C'est dans ce désert de non-réglementation qu'ont émergé des personnalités politiques très puissantes au niveau de leur localité, parce que cumulant une fonction d'élu et une autre de nomination émanant du président de la République dans une double logique d'accaparement de ressources et de mobilisation d'une clientèle politique", tranche le juriste.

Selon lui, une autorité politique cumularde pourrait être portée au népotisme, avoir tendance à mobiliser des ressources pour favoriser sa localité au détriment d'autres.

"En décidant de ne pas perpétuer la survenance d'hommes politiques "super-man", les nouvelles autorités du pays donnent l'impression de vouloir mettre fin au cumul de mandats, une pratique politique corrosive qui sapent les fondements de la démocratie, de la justice et de l'équité sociale", commente M. Mbodj.

A cet égard "la démission des ministres de leurs postes électifs dans le sillage de la fin du cumul est une promesse de campagne du candidat Bassirou Diomaye Faye", rappelle-t-il en estimant que le respect de cet engagement contribue à redonner à la parole politique son crédit quelque peu perdu".

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