Si l'on a pu avoir quelques doutes quant à un avenir radieux de la musique burkinabè au cours de la décennie 90, avec le passage de témoin plus ou moins compliqué qui s'opérait entre la génération Georges Ouédraogo-Bamogo Jean-Claude dit Man et celle Zedess-Black So Man (surtout avec la mort de ce dernier), l'émergence de Greg le Birkimbila et de Yeleen et plus tard celle de Floby et de la new-wave amenée par Dicko Fils, Amzy, Miss Tanya, Kayawoto, Djéli Karim et Maria Bissongo, est venue confirmer l'adage qui veut que l'huile qui dort, n'est pas morte.
Que dire d'autre en observant le parcours d'un Dicko Fils par exemple, « talibé » dans une vie antérieure avec toutes les vicissitudes liées à cette vie et devenu aujourd'hui, un crooner de charme que les promoteurs de spectacles canadiens s'arrachent depuis deux ans ? Dans le sillage de son lointain cousin Baba Maal, le « petit peul » est en passe de conquérir le monde avec ses mélodies et autres balades servies par une voix chaude et envoûtante avec des instruments du terroir (ngoni et kora principalement), dont il a une maîtrise parfaite.
La « roots music » comme le disait si bien le géant Ali Farka Touré, seule à même de conquérir le monde, comme Salif Keita, Oumou Sangaré, Youssou Ndour et avant eux, Myriam Makeba, Fela Anikulapo Kuti ou Sory Kandia Kouyaté nous l'ont démontré.
Avec Dicko Fils, Amzy le nouveau Gandaogo, Miss Tanya ou Djeli Karim sont dans la même veine avec pour les deux premiers une tendance fusionnelle plus marquée. On trouve en effet dans le beat de Amzy et de Tanya toutes les sensibilités de la urban music, du dub au hip-hop en passant par la house, la techno-trance et le drum and bass avec leurs voix claires qui donnent le rythme de la musique. Bienvenue à Ouagadougou et Lengué de Amzy sont des classiques du genre et la reprise du monument Pananki du doyen Man par Tanya fera aussi certainement date pour ce qu'on a entendu lors de la dernière cérémonie des Kundé.
Des « enfants » totalement absorbés dans leur occupation et dans laquelle ils ont trouvé un équilibre, mettant ainsi fin au dilettantisme qui prévalait dans le domaine. Avec les « mâles dominants » (du fait de leur ancienneté), Smarty, Floby ou Bill Aka Kora, la musique burkinabè est promise à un bel avenir, si tous ses segments (journalistes, managers, promoteurs, mécènes et autorités culturelles) se mettaient au diapason de ces « enfants de la balle ». On ne devient pas James Brown ou Aretha Franklin par hasard. Et, rappelons-nous-en ces temps de quête identitaire, que la musique est une arme redoutable sur ce chemin Rédempteur.