Cette semaine, le groupe pharmaceutique suédo-britannique a décidé de retirer son vaccin anti-Covid du marché. Il n'en a pas fallu plus pour que les polémiques sur la sureté de ce vaccin, et par ricochet, les autres, reviennent au-devant de la scène. Le lien entre le vaccin et des thromboses ont vite suivi. Cependant, ce lien ne date pas d'hier et avait déjà été largement débattu quelques années de cela. Retour sur une ancienne polémique...
En mars dernier, la compagnie AstraZeneca avait volontairement demandé la suspension du permis de commercialisation de son vaccin anti-Covid pour le marché européen. Cette semaine, elle a annoncé que le vaccin sera définitivement retiré du marché. La raison avancée est que désormais, la demande a chuté, surtout qu'il existe des vaccins plus performants face aux variants qui ont émergé depuis 2021. Les vaccins mRNA dernier génération, comme Pfizer et Moderna, se sont adaptés au fur et à mesure que le virus évoluait, et procuraient une meilleure protection que les autres. De plus, les cas de Covid-19, et les décès associés, sont en baisse. Selon le Covid-19 Epidemiological Update de l'OMS d'avril 2024, du 4 au 30 mars 2024, 300 000 cas de Covid-19 ont été enregistrés à travers le monde, soit une baisse de 11 % par rapport au mois précédent. Quant aux décès, la baisse est de 41 %, soit 4 200. Cette baisse dans les cas a fait que la demande des vaccins a baissé, ce qui a motivé le retrait du marché.
Rares cas de formation de caillots
En Angleterre, ce vaccin est actuellement au banc des accusés. La compagnie fait face à un procès car les proches de 80 personnes décédées affirment que ce vaccin est en cause. 35 millions de doses de ce vaccin avaient été administrées dans le pays. Des dizaines d'autres avancent que la formation de caillots de sang leur ont causé une incapacité. En février dernier, selon la presse anglaise, AstraZeneca a accepté que dans des rares cas, l'injection pouvait causer des caillots de sang favorisant une thrombose.
Mais l'information n'est pas nouvelle. Le 11 mars 2021, le Danemark suspend l'utilisation du vaccin AstraZeneca car les autorités soupçonnent qu'un des effets secondaires graves est la formation de caillots de sang menant à des thromboses. 17 autres pays, à l'instar de l'Allemagne, la France, l'Italie, la Slovénie, l'Espagne, le Portugal, la Thaïlande et le Congo, entre autres, suspendent eux aussi leur campagne de vaccination par mesure de précaution. L'Autriche a suspendu l'utilisation d'un lot de vaccins AstraZeneca après le décès d'une infirmière. L'Estonie et la Lituanie ont fait de même par la suite. La Roumanie a elle aussi suspendu un autre de ces mêmes vaccins. L'Agence européenne des médicament s'intéresse à l'affaire et peu après, la vaccination avec ce vaccin a repris dans la majorité des pays qui l'avaient suspendu. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait toujours maintenu sa position : la balance risques-bénéfices penche en faveur du vaccin.
Concernant les chiffres, toujours en 2021, la Medicine and Health Products Regulatory Agency avait avancé que le risque existait, mais qu'il était minime, soit un cas sur 250 000 vaccinés. Cela représentait tout de même un risque plus élevé que les premiers rapports, mais restait rare. En Australie, le chiffre avancé était de deux cas sur 100 000 personnes vaccinées chez les plus de 60 ans, et deux à trois cas sur 100 000 vaccinés pour les moins de 60 ans. Tous les cas sont survenus deux à quatre semaines après la vaccination. Concernant les décès, en Angleterre, alors qu'ils avaient atteint un pic de 1 500 cas par jour en janvier 2021, après la vaccination à grande échelle, les chiffres sont tombés à une dizaine de cas par jours quelques mois après. Pour rappel, à Maurice, 161 289 personnes ont eu une première dose d'AstraZeneca. 156 294 ont été doublement vaccinés et 2 825 ont eu le booster de ce même vaccin.
Formulaire de consentement : aucune valeur légale
Plusieurs légistes se sont mis d'accord sur ce point. Le formulaire de consentement que le ministère de la Santé avait forcé les Mauriciens à signer avant de se faire vacciner pour se dédouaner en cas de problème n'a aucune valeur légale. Dans nos colonnes, en 2021, Kris Valaydon affirmait : «Si un médecin, un chirurgien, commet une faute, il peut être poursuivi. Celui-ci ne peut pas demander au patient de signer un document, un papier, pour signifier qu'il renonce à son droit d'aller chercher réparation dans une cour de justice si quelque chose tournait mal. Ce serait contraire à l'ordre public d'imposer une telle condition sur un patient (...) Le formulaire sur lequel le citoyen va apposer sa signature afin d'accéder au vaccin est de même nature qu'un contrat, et il est obligatoire qu'il reflète le libre consentement. Une signature obtenue sous la contrainte, sous la menace, ne vaut rien légalement, car le consentement est vicié, et le formulaire, tout comme un contrat, est nul et sans effet.» Quant à Me Karvi Arian, dans un article, il avait estimé que la clause dédouanant l'État n'était qu'un «futile attempt at a waiver» car «no one, not even the State, can contractually exclude or limit liability where there is faute lourde».