Afrique: Retour sur le sommet économique États-Unis-Afrique - Affichage de réussites sur fond de craintes

Les agences gouvernementales américaines sont venues en nombre à Dallas à la rencontre des officiels africains. (photo d'archives)

Le 16e sommet économique États-Unis-Afrique, qui s'est tenu du 3 au 6 mai à Dallas, s'est achevé avec la signature de nombreux accords bilatéraux. Cinq présidents africains et trois chefs de gouvernement, seize délégations ministérielles, autant de représentants gouvernementaux américains et 1 500 participants avaient fait le déplacement. Washington voulait ainsi afficher une preuve de la vivacité des relations avec le continent.

Dallas, la ville préférée des banques et des investisseurs au Texas, dans le premier État producteur énergétique des États-Unis. Mais surtout Dallas, la ville qui concentre le plus de membres de la diaspora africaine dans le pays. Autant d'attraits non négligeables pour les officiels et les entreprises du continent africain.

De leur côté, à quelques mois de l'élection présidentielle américaine, les agences gouvernementales et les conseillers de la Maison Blanche voulaient faire savoir que la coopération États-Unis-Afrique est faite pour durer.

« On ne peut plus lever notre pied de l'accélérateur, quand on parle de renforcer les partenariats économiques. » Selon Joy Basu, la numéro deux du bureau des affaires africaines au secrétariat d'État américain, « la dynamique est bien lancée, et il faut maintenant qu'encore plus d'entreprises se mettent à investir en Afrique ».

Des craintes se sont quand même exprimées quand a été évoquée la question de l'Agoa, la loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique. Le texte voté en 2000 doit prendre fin en septembre 2025, et peu croient qu'il va être renouvelé avant la fin du mandat de Joe Biden. Pire, en cas d'élection de Donald Trump en novembre prochain, il a des doutes sur le fait que le plan soit à nouveau présenté, au vu de ses positions isolationnistes et de son peu d'intérêt pour l'Afrique.

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Or, plusieurs opérateurs continentaux constatent la forte présence de la Chine, des Émirats ou de l'Inde. Et si les Américains sont moins présents en Afrique, ils seront vite remplacés, soulignent-ils, compte tenu de la volonté parfois agressive de ces pays de faire du commerce. Chefs d'État présents à Dallas : Joseph Boakai du Liberia, Joao Lourenço d'Angola, Lazarus Chakwera du Malawi, Mokgweetsi E. K. Masisi du Botswana et José Maria Neves, du Cap-Vert.

La diaspora pour la première fois représentée

Alors, les membres de l'administration Biden présents à Dallas se veulent rassurants : « L'Agoa a un soutien bi-partisan et dans les deux chambres du Congrès. On voit des signaux positifs pour que le texte soit reconduit, s'il est modernisé, pour les 16 à 20 prochaines années. On espère même que ce texte passera cette année. »

Le futur de la relation économique américano-africaine passe par le développement de l'économie numérique et cela est intimement lié à la généralisation de l'accès à l'énergie. Car comment avoir accès à Internet et y développer son commerce, s'il n'y a pas d'électricité ?

Ainsi, au Sierra Leone, la DFC, l'agence de développement américaine, a approuvé un prêt de 292 millions de dollars pour développer et améliorer l'usine de production électrique de Freetown (Western Area Power Generation Project) et la transmission d'une électricité plus stable sur tout le territoire. La banque d'import-export des États-Unis a pour sa part accepté de faire un prêt de 900 millions pour la construction de deux centrales d'énergie solaire en Angola, créant le plus gros projet d'énergie renouvelable en Afrique subsaharienne.

Les États-Unis veulent être certains que les pays africains ont le capital nécessaire pour soutenir leurs ambitions de croissance continentale, insiste Nisha Biswal, la numéro deux de la DFC : « Nous voulons que ces développements soient durables financièrement, socialement et environnementalement. Mais l'Afrique a besoin de 100 milliards de dollars d'investissement chaque année pour développer son infrastructure. Aucun pays ne peut fournir cela, cela requiert les investissements des secteurs privés et publics. »

Et cette année, les investisseurs américains étaient bien représentés. Pour la première fois par ailleurs, la diaspora a été associée lors de ce sommet économique. Plus de 2 millions d'Africains résident officiellement aux États-Unis, autant d'opportunités de développer les échanges commerciaux entre le pays-continent et le continent, de permettre l'avancement de projets « avec des hauts standards, de la qualité, de la transparence et avec un impact visible », insiste Nisha Biswal. Mais aussi, en poussant les Africains à prendre, et réclamer, une place de choix aux États-Unis.

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