Madagascar: Des explications de la diplomatie malgache sur la crise avec l'Union européenne

À Madagascar, un mois après les révélations concernant la demande de rappel de l'ambassadrice de l'Union européenne effectuée par le gouvernement malgache à la suite de critiques exprimées publiquement notamment sur la loi autorisant la castration chirurgicale, les tensions entre Bruxelles et la Grande Île restent palpables. Pour la première fois, la ministre des Affaires Étrangères malgaches s'est exprimée en conférence de presse sur les raisons qui ont motivé cette demande.

À Madagascar, en pleine semaine de l'Europe, le drapeau étoilé ne s'est jamais fait aussi discret. Toutes les manifestations ont été annulées. La faute à un contexte relationnel peu propice à ce genre de célébrations. La délégation de l'Union européenne a fait savoir que l'ambassadrice organiserait néanmoins une réception à l'occasion de la Journée de l'Europe, mais aux Comores (autre pays de son portefeuille).

Après un mois à se murer dans le silence malgré le déferlement de réactions déclenchées par cette affaire, le gouvernement malgache, par la voix de sa ministre des Affaires Étrangères, Rafaravavitafika Rasata, a finalement apporté lundi des explications officielles. « Dans le domaine des relations diplomatiques, il y a des règles strictes à respecter. Y compris celle de ne pas se mêler des affaires internes d'un pays. La raison pour laquelle nous avons demandé le remplacement de l'ambassadrice européenne, c'est parce qu'il y a eu ingérence dans les affaires internes de l'État malagasy. »

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D'après la cheffe de la diplomatie malgache, « ce n'est pas la première fois que Madagascar demande le rappel d'un ambassadeur ». Toutefois, Rafaravavitafika Rasata martèle : « Je veux que vous sachiez que la collaboration avec l'Union européenne continue. Celle-ci a été confirmée par la signature du nouvel accord de coopération appelé Samoa. »

L'UE regrette « les divergences sur l'interprétation de certaines conventions internationales »

Cet accord, signé fin 2023 et qui remplace celui de Cotonou arrivé à échéance, établit un partenariat politique renforcé entre l'Union européenne et les États d'Afrique, notamment. « Il vise à produire des résultats mutuellement avantageux dans le respect de valeurs partagées » insiste l'Union européenne, contactée par RFI. Parmi celles-ci figurent la défense du multilatéralisme, des droits humains et de la bonne gouvernance.

« Dans ce contexte, nous regrettons, déclare l'Union européenne, les divergences sur l'interprétation de certaines conventions internationales relatives aux droits humains qui ont incité les autorités de Madagascar à demander le remplacement de notre ambassadrice. »

À ce jour, aucune décision n'a été prise en ce qui concerne de possibles répercussions. Mais les enveloppes d'aides au développement et les modalités de collaboration pourraient bien être revues. C'est en tout cas la demande émise par huit organisations influentes de la société civile malgache. Dans un courrier adressé à Bruxelles, elles font part de leur profonde préoccupation quant à la détérioration de l'état de la gouvernance et de la démocratie à Madagascar, illustrée par ce qu'elles considèrent comme une « sentence injuste et infamante ».

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