Soune Sérère (Thiès) — Le collectif "Sam sa Momel" de la commune de Keur Moussa a invité l'Etat à un "rééquilibrage" au profit des habitants de la zone qui se sont vus délestés de leurs terres de culture depuis l'implantation de l'Aéroport international Blaise Diagne de Diass, qui a changé l'environnement socio-économique de la zone, suscitant la convoitise de promoteurs et la spéculation foncière.
Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue dimanche dans le village de Soune Sérère, le Collectif "Sam sa Momel" a listé plusieurs litiges fonciers, d'une part avec des structures de l'Etat et d'autre part avec des promoteurs privés.
Aliou Diouf, un des responsables du collectif a demandé dans sa déclaration préliminaire que soit "tirée au clair" la question de la délimitation de l'AIBD, en sollicitant l'intervention du nouveau directeur général de ladite plateforme aéroportuaire, pour que soit réalisé le balisage de l'emprise de l'AIBD.
Le collectif demande une "démarche inclusive" dans la restructuration envisagée de plusieurs villages de la commune de Keur Moussa.
Selon Aliou Diouf, des populations dont les anciens champs abritent aujourd'hui l'aéroport, et sont traversés par l'autoroute à péage et le train express régional (TER), attendent toujours d'être indemnisées. "Nous demandons l'intervention du président Bassirou Diomaye Faye", a-t-il dit.
Le collectif relève qu'après leur déplacement pour les besoins des travaux de construction du nouvel aéroport, les habitants des villages de Kessoukhatt, Mbadatt et Kathialick devaient être relogés sur une superficie de 304 hectares de forêt que le président Macky Sall avait déclassés à cet effet. Il déplore que ces terres qui devaient les accueillir, soient mises en location à une entreprise étrangère d'agroalimentaire.
Alors que certaines terres leur ont été retirées pour des projets déclarés d'utilité publique, ils s'offusquent de ce que des privés viennent "s'accaparer le peu qui leur reste", ont déploré les membres du collectif.
Pour l'Imam Ousseynou Ciss, coordonnateur de "Sam sa Momel" Keur Moussa, la zone située entre Thiès et Dakar, bien qu'abritant beaucoup de projets de l'Etat, ne profite pas des opportunités économiques qu'offrent toutes ces réalisations.
Les populations demandent un "rééquilibrage" de la situation, pour "réparer cette injustice", a-t-il lancé, relevant à titre d'exemple, l'absence de voie pour relier les différentes localités de la commune de Keur Moussa.
Il demande la construction d'un lycée, l'équipement des structures sanitaires de la commune, qui ne disposent que d'un matériel sommaire, mais aussi la résolution des problèmes d'eau et d'électricité.
L'un des membres de la structure a dénoncé le fait qu"'aucune gare du TER n'a été prévue à Keur Moussa", à l'image des autres localités que ce train a traversées. Ce qu'il assimile à de la "discrimination négative". "Nous réclamons un arrêt entre Soune et Landou, pour desservir la population de Keur Moussa", a dit l'activiste.
Le collectif n'a pas manqué d'évoquer, pour le déplorer, l'implantation dans la zone, d'usines jugées nocives pour l'environnement. C'est le cas d'une usine de recyclage de plomb et d'une autre qui fabrique de la farine de poisson, dont ils réclament le démantèlement et la désinstallation.
Le coordonnateur, l'imam Ciss, annonce que toutes ces difficultés seront consignées dans un mémorandum pour être remis au président de la République à qui le collectif entend demander une audience.