Dakar — Le président de l'Union nationale des chambres de métiers (UNCM) du Sénégal, Issa Dièye, a réclamé, lundi, à Dakar, la signature d'un protocole d'accord entre l'État et les artisans, afin que ces derniers puissent accéder facilement à la commande publique.
"Nous voulons un protocole d'accord entre l'UNCM et l'État du Sénégal", a affirmé M. Dièye lors d'une assemblée générale du Réseau des chambres de métiers de l'UEMOA, dont le but est de promouvoir l'artisanat des huit pays membres de cette zone monétaire et économique.
Un tel accord va permettre à l'État de donner des "instructions" aux ministères et aux directions des sociétés nationales, pour qu'ils fassent des commandes auprès des artisans sénégalais, a-t-il dit.
Issa Dièye a donné l'exemple du Burkina Faso, où, selon lui, l'État entretient une telle collaboration avec les chambres de métiers.
"Les artisans de ce pays sont très en avance" sur ceux du Sénégal, a signalé M. Dièye, vice-président aussi du Réseau des chambres de métiers de la zone UEMOA.
Le gouvernement burkinabè et les artisans locaux ont signé un "accord-cadre" qui encadre leur collaboration, a-t-il dit en souhaitant que le Sénégal fasse de même.
Selon lui, l'UNCM a proposé au gouvernement sénégalais la création d'un fonds national dédié au financement de l'artisanat, comme il en existe dans d'autres pays.
Au Sénégal, l'État a déjà attribué 15 % de la commande publique aux artisans, au titre du mobilier national, mais l'artisanat local "n'arrive pas y accéder à cause des lourdeurs administratives" soutenant la mesure, a signalé Issa Dièye.
La levée de cet obstacle "va réduire les importations" de nombreux équipements que les artisans locaux peuvent fabriquer, a-t-il assuré.
"Ce qu'il reste à faire, c'est que l'État nous confie la totalité de la commande publique. Il s'agit de [...] tous les bureaux, des meubles de coin, des lits d'hôpital, des trépieds et d'autres équipements que nous sommes en mesure de fabriquer", a insisté M. Dièye.
"L'État a fait des efforts", mais "il reste des choses à faire", a-t-il dit. "Ce que l'État souhaite faire dans le cadre [...] de l'emploi des jeunes et dans la lutte contre l'éradication de l'émigration clandestine, il ne peut y arriver que par le biais du secteur de l'artisanat. Nous créons beaucoup d'emplois."
Issa Dièye a déploré l'absence de données fiables sur l'artisanat sénégalais. "Nous ne parvenons pas à avoir les statistiques réelles sur l'apport du secteur de l'artisanat à l'économie sénégalaise [...] Tantôt on dit que c'est 11 % du produit intérieur brut, tantôt on parle de 12 %. De toutes les façons, je pense que nous contribuons essentiellement à l'économie du pays", a-t-il soutenu.