Madagascar: Union européenne - Isabelle Delattre, accusée d'ingérence par la MAE

L'ambassadrice de l'Union européenne serait déjà sur le point de partir. Elle restera à sa place jusqu'en juillet prochain.

La messe est dite. La ministre des Affaires étrangères, Rafaravavitafika Rasata a confirmé que le gouvernement a demandé le départ de Isabelle Delattre, ambassadrice de l'Union européenne. Cette situation a animé depuis plusieurs semaines les relations diplomatiques entre Madagascar et l'Union européenne.

Elles sont maintenant sous tension, et les récents événements ont amplifié cette atmosphère déjà délétère, notamment l'annulation de la cérémonie de célébration du 09 mai par la délégation de l'Union européenne était déjà un mauvais signe. Confirmant les informations de la presse en mars dernier, le gouvernement malgache a officiellement exprimé son désir de voir partir Isabelle Delattre, l'ambassadrice de l'Union européenne à Madagascar.

Fait d'armes. Le signal de désaveu émanant de la diplomatie malgache est clair : le gouvernement souhaite un nouveau visage à la tête de la délégation de l'Union européenne. Une lettre aurait été déjà envoyée aux autorités européennes et c'est à travers la ministre des Affaires étrangères, Rafaravavitafika Rasata, que cette demande a été formellement transmise à Bruxelles. Un fait d'armes qui va marquer les premiers mois de son mandat en tant que ministre. La ministre, lors d'une rencontre avec la presse, hier à son bureau, a affirmé sans équivoque que le départ d'Isabelle Delattre était motivé par des accusations d'ingérence dans les affaires internes du pays.

%

Traités internationaux. La goutte qui a fait déborder le vase est survenue lors d'une conférence de presse le 26 février dernier, où l'ambassadrice Delattre a pris la parole. Ses remarques sur la politique malgache ont été perçues par les partisans du pouvoir comme une « intrusion dans les affaires souveraines du pays ». Hier, Isabelle Delattre est accusée d'ingérence par la ministre des Affaires étrangères, Rafaravavitafika Rasata.

Lors de la rencontre avec la presse, cette membre du gouvernement a déclaré sans ambiguïté que « lorsqu'il y avait une demande de remplacement, c'est parce qu'il y avait ingérence ». Notamment, ses critiques concernant la castration des auteurs de viol, qu'elle a jugée non conforme aux traités internationaux ratifiés par Madagascar, ainsi que sa prise de position sur la gestion des Fonds routiers, ont été vivement rejetées par les autorités malgaches.

Convocation. La ministre Rafaravavitafika Rasata n'a pas mâché ses mots lorsqu'elle a déclaré que toute demande de remplacement d'un ambassadeur était motivée par des actes d'ingérence. Cette déclaration sans équivoque met en lumière l'impasse dans laquelle se trouvent les relations entre Madagascar et l'Union européenne.

Isabelle Delattre, qui avait été convoquée par la ministre des Affaires étrangères, fin février, pour être mise au courant des mesures envisagées à son encontre, semble désormais être persona non grata aux yeux des autorités malgaches. Son départ imminent, d'ici le mois de juillet selon certaines sources, marque un nouveau chapitre dans les relations diplomatiques déjà tendues entre Madagascar et l'Union européenne, et soulève des questions sur l'avenir de la coopération entre les deux parties.

Portes fermées. Le redressement de la relation entre Bruxelles et Antananarivo constitue une tâche non négligeable pour Rafaravavitafika Rasata. Cependant, son récent déplacement en Europe laisse entrevoir des signes indiquant déjà que Bruxelles ne figure pas parmi les priorités de la cheffe de la diplomatie malgache.

En effet, elle a effectué une visite officielle en Hongrie, un pays relativement marginal en Europe, et s'est rendue en Grèce pour rencontrer des membres de la diaspora locale. Cependant, un détour par Bruxelles semble avoir été oublié dans son agenda. La question se pose alors de savoir si elle a délibérément choisi de ne pas rencontrer les autorités européennes à Bruxelles ou si les portes lui ont été plutôt fermées.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.