Le dialogue inter-Maliens est terminé : et maintenant ? Le 10 mai 2024, après un mois de discussions organisées par les autorités maliennes de transition, quelque 300 recommandations ont été formulées par les participants. Parmi lesquelles, notamment, la prolongation de la transition « jusqu'à la stabilisation du pays ». Durée estimée : deux à cinq ans. Les partis politiques maliens ont dénoncé, dans une déclaration rassemblant la quasi-totalité des formations du pays, un « grotesque piège politique » orchestré par les autorités de transition pour se maintenir au pouvoir. Que peut-il se passer à présent ?
Parmi les recommandations les plus notables : la prolongation de la transition, la possibilité pour le colonel Assimi Goïta de se présenter à la présidentielle - lorsqu'elle sera organisée - ou encore l'élévation des colonels qui dirigent actuellement le pays au grade de général.
Pour autant, aucune décision n'a été prise, ou du moins annoncée, à ce stade. Il appartient désormais aux organes de transition, c'est-à-dire au gouvernement ou au Conseil national de transition (CNT) - qui fait office d'assemblée législative - de se saisir de ces recommandations et de les mettre en oeuvre. Aucune échéance n'a été fixée, mais on peut donc s'attendre bientôt à de nouveaux projets de loi ou de décrets.
C'est en tous cas la démarche rappelée par le colonel Assimi Goïta lui-même lors de la clôture des travaux - il a demandé aux organes de transition une application « diligente », rapide, des recommandations - décriées par la quasi-totalité des partis politiques maliens, qui soulignent que les participants au dialogue ne sont pas des élus mandatés par le peuple, et qui estiment que leurs conclusions ne devraient donc pas être « exécutoires ».
Parmi les recommandations, également : « Engager le dialogue avec tous les mouvements armés maliens », ce qui peut inclure les jihadistes du Jnim, liés à al-Qaïda, comme les rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP), dans le Nord, signataires du défunt Accord de paix de 2015.
Cette proposition sera-t-elle retenue par les autorités de transition, qui ont rompu l'Accord de paix et exclu ces groupes des discussions organisées depuis un mois ? « Nous ne sommes pas prêts pour le dialogue », répond déjà un porte-parole du CSP, qui rappelle que les autorités actuelles ont elles-mêmes choisi la guerre, et qui renvoie d'éventuelles négociations à de futurs nouveaux dirigeants.