Madagascar: Rafaravavitafika Rasata - « Les relations avec l'Europe restent au beau fixe »

La ministre des Affaires étrangères assure que la demande de rappel de l'ambassadrice Delattre Burger n'a aucune conséquence sur les relations entre Madagascar et l'Union européenne. Pour sa part, toutefois, l'ambassade de l'UE a décidé de ne pas marquer la journée de l'Europe.

Tout va bien. Rafaravavitafika Rasata, ministre des Affaires étrangères, a mis l'accent sur ce point hier, au sujet de l'état de la coopération entre Madagascar et l'Union européenne (UE).

La cheffe de la diplomatie malgache a organisé un petit-déjeuner de presse hier à Anosy. Durant les rounds de question, celle sur les éventuelles conséquences de la demande de rappel de Isabelle Delattre Burger, ambassadrice de la délégation de l'UE, sur la coopération entre l'Europe et la Grande île a été posée. En réponse, la ministre des Affaires étrangères affirme que les relations de Madagascar avec cette organisation continentale sont au beau fixe.

En somme, à entendre la membre du gouvernement, cet épisode n'a aucune conséquence sur les projets en cours ou à venir, financés par l'UE. Au contraire, le partenariat de Madagascar avec l'Europe «est renforcé», affirme la ministre Rasata. Comme argument, elle met en avant la ratification par Madagascar de l'accord des Samoa. Il s'agit du nouveau cadre général de la coopération entre l'UE et les États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Il remplace l'accord de Cotonou.

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L'information sur la demande de rappel de Isabelle Delattre Burger, par Madagascar, a été publiée par le média en ligne Africa Intelligence en début avril. Durant sa rencontre avec la presse hier, la cheffe de la diplomatie malgache a indiqué que cette demande a été faite au motif «d'ingérence dans les affaires internes de Madagascar». Durant une interview faisant suite à sa rencontre avec la presse hier, Rafaravavitafika Rasata s'est toutefois abstenu de donner plus d'information sur les faits qualifiés d'ingérence par l'État.

Intrigue

La ministre confirme néanmoins que la décision de rappel découle de sa rencontre avec la diplomate européenne. «Je l'ai reçue dans mon bureau. Je l'ai écoutée. Nous en sommes arrivées à cette décision puisqu'il n'y a eu d'autres issues après nos échanges. Je ne veux pas m'étaler là-dessus puisqu'une demande a déjà été faite. Nous savons que la demande est déjà entre les mains des responsables concernés et qu'elle sera remplacée», indique-t-elle juste.

L'ambassadrice de l'UE a été «convoquée» au ministère des Affaires étrangères au lendemain d'une conférence de presse qu'elle avait tenue le 26 février à Ankorondrano. Selon les indiscrétions, les propos que la diplomate a tenus durant cette sortie médiatique marquent le point de rupture avec l'administration Rajoelina. Il s'agit notamment de sa prise de position contre l'inscription de la castration chirurgicale des violeurs d'enfants dans le code pénal.

Isabelle Delattre Burger a qualifié cet amendement au code pénal de «contraire» à la Constitution et à la Convention des Nations unies contre la torture. Il s'agit pourtant d'une initiative que Andry Rajoelina, président de la République, a défendue à corps et à cri. Devant le Parlement, Landy Mbolatiana Randriamanantenasoa, ministre de la Justice, a défendu le projet de loi modifiant le code pénal en mettant en avant «la souveraineté nationale».

Le timing choisi par la diplomate européenne pour s'exprimer sur le sujet a, de prime abord, été inopportun. Le 23 février, en effet, la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) a déjà déclaré les dispositions légalisant la castration chirurgicale «conformes à la Constitution». Une décision irrévocable. L'urgence de la mise en oeuvre du projet de centrale hydroélectrique de Volobe est un autre sujet que l'ambassadrice a abordé durant cette conférence du 26 février.

Durant cette sortie médiatique, Isabelle Delattre Burger a également fait part de «la frustration des partenaires que depuis des années, le fonds d'entretien routier n'a pas les moyens d'entretenir le réseau [routier]». Bien que la réaction de la diplomatie malgache ait agité le microcosme politique et médiatique, la ministre des Affaires étrangères insiste sur le fait «qu'il n'est nullement question d'expulsion de diplomate, mais il s'agit de demande de remplacement qui sont deux choses totalement différentes en diplomatie».

La ministre Rasata accentue, par ailleurs, que la ratification de l'accord de Samoa «confirme sans ambages» la solidité des relations entre Madagascar et l'Europe. L'absence de cérémonie marquant la journée de l'Europe à Antananarivo cette année a toutefois intrigué. Un point souligné par un journaliste durant le petit-déjeuner de presse d'hier.

Contactée, la délégation de l'UE explique que «dans le contexte actuel des relations entre Madagascar et l'Union européenne, il a été décidé de ne pas organiser cette année à Antananarivo la réception habituelle à l'occasion de la Journée de l'Europe et de reporter la «journée des projets», présentant les actions menées par l'UE et ses États membres en partenariat avec Madagascar. Une réception à l'occasion de la Journée de l'Europe aura lieu prochainement aux Comores autour de l'ambassadrice, qui y est aussi accréditée».

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