Burkina Faso: Célébration du 15-mai - « Notre vie repose sur nos traditions et coutumes », Me Titinga Frédéric Pacéré

Le Ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCCAT) tient, du 13 au 14 mai 2024, à Ouagadougou, un colloque sur le thème : « Spiritualité, traditions et pratiques coutumières au Burkina Faso ».

En prélude à la commémoration de la Journée des coutumes et des traditions, le Ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme (MCCAT) a ouvert, le lundi 13 mai 2024 à Ouagadougou, un colloque en vue d'apporter plus d'éclairage sur le sens de cette journée.

Placée sur le thème : «Spiritualité, traditions et pratiques coutumières au Burkina Faso », les travaux se tiennent, les 13 et 14 mai 2024.

D'entrée de jeu, Me Titinga Frédéric Pacéré a fait savoir que pour instituer cette journée, il a adressé au chef de l'Etat, Ibrahim Traoré sous forme d'un dossier de requête qui contient une trentaine de pages et des annexes d'une soixantaine de pages. « Tout le dossier compte environ 119 pages », a-t-il indiqué.

Ce Trésor humain vivant a précisé que dans le dossier, il avait demandé deux jours consacrés à la culture africaine dont l'un sera en mi-mai pour qu'avec les premières pluies on puisse recueillir les premières eaux pour solliciter aux mânes une bonne saison et l'autre le 20 janvier pour les remerciements. «Ouagadougou, pour symboliser tout le pays, a été pris par la colonisation en septembre 1896.

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Et en 1905, on a attribué les premiers jours fériés, aussi bien les valeurs de la colonisation que des religions, à savoir l'Islam et le Christianisme (Tabaski, Ramadan, Noël, Pâques....). Depuis 1905, jusqu'à cette année, il n'y a rien sur la culture africaine. J'ai dit qu'il faut quand même faire quelque chose », a confié, Me Pacéré. « Je remercie le gouvernement d'avoir accordé une journée dédié à nos traditions », s'est-il réjoui.

Revenant sur le thème : « Spiritualité, traditions et pratiques coutumières au Burkina Faso », il a expliqué que la vie traditionnelle connaît des formes d'expressions culturelles qui ne devraient pas être reléguées au rang de folklore. « Notre vie en Afrique noire, notre vie au Burkina Faso, ne repose pas sur certaines valeurs excentriques, mais repose sur des valeurs de nos traditions et de nos coutumes», a affirmé le panéliste.

Pour Me Titinga Frédéric Pacéré, l'Afrique n'est pas gérée par le politique. «L'Afrique est gérée par la culture, par le culturel. Et le Pr Joseph Ki-Zerbo a écrit au Mogho, par exemple : le roi règne et la culture gouverne. C'est le roi qui règne, c'est la coutume qui gouverne», a-t-il soutenu.

Solliciter la paix

Il a souligné que l'Africain tient à la coutume, à la cohésion sociale et au vivre-ensemble. D'après, Me Titinga Pacéré, en Afrique, la culture est au-dessus de tout. «J'ai été amené à parcourir l'Afrique toujours sous l'angle de la culture (...).

Notre vie en Afrique noire, notre vie au Burkina Faso ne repose pas sur certaines valeurs excentriques mais repose surtout sur les valeurs de nos traditions et de nos coutumes», a-t-il soutenu. Me Pacéré a poursuivi que les valeurs culturelles englobent tout. «Je voudrais lever un équivoque ce n'est pas de la religion, la religion est une simple valeur peut-être même pas celle qui est fondamentale pour le pays», a-t-il affirmé.

Pour la commémoration de la journée des coutumes et traditions, Me Pacéré a dit qu'il souhaite que tout se fasse dans le respect de la tradition africaine. «Un peu partout en Afrique, on verse de l'eau à terre ou du dolo à terre et on s'adresse à Naaba Zigwende, le dieu de Naaba Zida (...). Et on fait des incantations. Pour des incantations, je tiens à vous dire, je fais venir de l'eau du Nakambé parce que Oubri était là-bas et le puits où Oubri consommait, j'ai fait venir l'eau et j'ai fait venir l'eau du fleuve Mouhoun et la Comoé.

Et j'ai demandé pour le sacré à ce qu'on amène des boissons, eh bien, on a des boissons des Gourounsi qui sont là, des boissons des Samo, des boissons un peu de tout. Donc tout ça, j'ai rassemblé pour le rituel pour solliciter auprès de dieu et de la terre : la paix pour le Burkina, solliciter la cohésion sociale, solliciter le vivre ensemble », a-t-il présenté.

Selon le ministre d'Etat, de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, c'est la première fois que les coutumes et les traditions sont célébrées au Burkina Faso à travers une journée à elles dédiée. Ainsi, le 15 mai se veut un grand moment qui consacre le rapprochement d'un peuple avec ses valeurs authentiques, la communion entre le peuple et son passé, a affirmé M. le ministre qui a estimé que c'est un moment d'interaction avec les ancêtres tant par le biais des religions et des croyances traditionnelles que par le biais de diverses pratiques culturelles.

Jean Emmanuel Ouédraogo a signifié que les conclusions de ce colloque vont contribuer au développement social au pays des Hommes Intègres. La décision du gouvernement en Conseil des ministres du 06 mars dernier de faire du 15 mai de chaque année une journée des coutumes et des traditions est un tremplin offert à tous pour renouer avec son histoire, sa culture et le vivre ensemble harmonieux, a poursuivi le premier responsable du département de la culture. Il a affirmé que les influences relatives aux invasions et à la colonisation n'ont pas été de nature à favoriser l'essor d'une religion traditionnelle endogène.

Renforcer la cohésion sociale

Ce qui aurait marqué la continuité des lignées dans le culte des ancêtres et maintenu l'éthique communautaire garant de la tradition. « L'intrusion de nouvelles religions a eu pour corollaire la persécution systématique de nos croyances ancestrales et l'ancrage des religions et croyances importées », a-t-il soutenu. En attendant les conclusions, le porte-parole du gouvernement, M. Ouédraogo, soutient que par cette journée,

Il s'agit de mettre en avant les valeurs de solidarité, de paix, de fraternité, de solidarité...et de courage. Valeurs sur lesquelles, exhorte-t-il, les Burkinabè doivent s'appuyer pour réussir la reconquête du territoire, l'affirmation définitive de la souveraineté et pour un développement et un dynamique basé sur l'identité nationale.

Le ministre souhaite, en outre, que cette journée raffermisse les liens, la cohésion sociale et la fraternité entre Burkinabè, consolide le respect entre les croyances et religions au Burkina. Selon la participante princesse Yabré Juliette Congo, fondatrice du musée de la femme dans la commune de Ziniaré inauguré le 08 mars dernier, c'est une justice qui est rendue aux ancêtres. Pour elle, ce jour est une occasion de revenir aux valeurs ancestrales qui consistaient à éduquer les jeunes et les enfants sur les coutumes. De nombreuses personnes sont des hybrides et certaines ne peuvent même pas s'exprimer dans leur propre langue maternelle, a déploré Mme Congo qui pense qu'il est temps que cette jeunesse puisse connaître d'où ils sont, d'où ils viennent et où ils veulent aller.

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