De nouvelles vidéos et photos particulièrement violentes viennent documenter plusieurs massacres de civils (hommes femmes, enfants) commis au Burkina Faso au cours des derniers mois. Des massacres perpétrés par des soldats de l'armée burkinabè, selon des témoignages et un rapport de l'ONG Human Rights Watch. Les vidéos, obtenues par le journaliste de France 24 Wassim Nasr, ont été filmées par des militaires soldats auteurs des exactions ou même par des jihadistes arrivés sur les lieux par la suite.
D'une grande violence, une des vidéos - obtenues par notre confrère de France 24 Wassim Nasr - montre des corps humains en train de brûler. Elle a été tournée au début du mois de mai entre les villes de Foutouri et Sebba, dans l'est du Burkina Faso.
Les hommes derrière la caméra sont des soldats burkinabè, qui filment leurs propres exactions. On les entend ironiser au sujet des victimes : ils les traitent de « soupe » qui « sont en train de brûler », et qui « sont déjà mûrs »
Plusieurs images, prises par des soldats ou des jihadistes, documentent ainsi une série de massacres commis dans cette région entre le 3 et le 9 mai. Les témoins ont fait état d'une centaine de personnes tuées par des hommes en uniforme qui escortaient un convoi de ravitaillement.
D'autres vidéos recueillies par Wassim Nasr apportent un nouvel éclairage sur un massacre plus ancien. Celui-ci aurait été commis le 25 février dans les villages de Soro et Nodin dans le nord-ouest du pays. On peut y voir des amas de corps humains reposant à même le sol. Un rapport de Human Rights Watch, publié en avril, attribue ce massacre à l'armée burkinabè. L'ONG a recensé 223 morts, dont des femmes et des enfants.
Le Burkina Faso est plongé dans un cycle de violences et de représailles. Le jour de cette tuerie, une église avait également été visée par une attaque dans la région de Dori, cette fois-ci par des jihadistes de l'organisation État islamique, faisant une quinzaine de morts.
Alioune Tine, expert indépendant des Nations unies sur les droits humains, appelle sur le réseau social X à l'ouverture d'une enquête de la Cour pénale internationale sur « les crimes de masse commis de façon récurrente au Burkina Faso ».