L'Union européenne (UE) s'inquiète des "violences post-électorales" au Tchad et déplore la mise à l'écart de nombreux observateurs de la présidentielle, quatre jours après l'annonce de la victoire de Mahamat Déby, contestée par l'opposition.
Le général Mahamat Idriss Déby Itno a recueilli 61,03% des suffrages dès le premier tour au scrutin du 6 mai, selon les résultats officiels provisoires. Le Premier ministre, Succès Masra, nommé en janvier par Mahamat Déby, crédité de 18,53% des voix officiellement, a affirmé, lui, qu'il avait au contraire remporté l'élection et demandé au Conseil constitutionnel d'annuler un scrutin aux résultats "falsifiés" selon son parti.
"L'UE prend note (...) de la publication des résultats provisoires" et "ne peut que déplorer la non-accréditation d'un nombre important d'observateurs de la société civile à la veille du scrutin", lit-on dans un communiqué du département des Affaires étrangères de l'UE. L'Union "s'inquiète également des violences post-électorales", sans en préciser la nature. Des médias tchadiens ont invoqué des "morts" et de nombreux "blessés" par des "tirs de joie" des militaires à l'annonce des résultats jeudi soir mais le gouvernement a refusé d'en livrer le nombre et interdit aux hôpitaux de le faire, invoquant "le respect du secret médical".
L'armée avait été déployée très massivement dans la capitale N'Djamena à l'annonce des résultats. L'opposition, dont certains candidats avaient été écartés de la course présidentielle, avait appelé à boycotter un scrutin destiné, selon elle, à "perpétuer une dynastie Déby".