La société civile de la province congolaise de l'Ituri appelle depuis lundi 13 mai à la fin de l'état de siège. Ce régime sécuritaire spécial où l'armée détient tous les pouvoirs est en vigueur en Ituri et dans la province voisine du Nord-Kivu depuis mai 2021. Soit trois années qui n'ont pas suffi à mettre fin au conflit dans l'est de la RDC et aux affrontements entre groupes armés et les violences contre les civils.
En trois ans, 2 144 personnes ont été massacrées, 246 autres blessées et 489 kidnappées : c'est le bilan humain que dresse Dieudonné Lossa, le président de la société civile de l'Ituri, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Il y décrit un cycle de violence qui perdure depuis 2017, jusqu'à son paroxysme en février dernier : 15 locaux ont alors été enterrés vivants par des miliciens.
Les autorités ont signé le 19 avril un engagement de cessation des hostilités avec cinq groupes armés de l'Ituri. Parmi eux, la Codeco, une milice politico-mystique souvent tenue pour responsable d'attaques de village et de massacre. La Codeco dit défendre les Lendu contre les Hema, une communauté qui s'est également engagée en signant l'accord via le groupe dénommé « autodéfense », plus connu sous le nom de Zaïre.
Pourtant, les violations des droits humains par ces milices continuent. D'autant que les ADF, affiliés au groupe terroriste État islamique, sont les grands absents de l'accord. Il s'agit toutefois du groupe armé le plus meurtrier en RDC. Dans la nuit de lundi à mardi, au moins 11 personnes ont été tuées par ce groupe dans le territoire d'Irumu selon la société civile.
De son côté, le gouverneur militaire de la province, le général Johnny Luboya Nkashama défend son bilan et présente les accords de paix comme une avancée, lors d'une rare interview à RFI.
02:09 Dans l'Ituri, en RDC, y a eu « une accalmie » notamment avec la « signature par les Zaïre » d'un accord de fin d'hostilités, explique le gouverneur militaire de la province, le général Johnny Luboya Nkashama