Les enquêtes sur la gestion du Port Autonome de Douala (PAD) par son directeur général, Cyrus Ngo'o, alias "le Sicilien", révèlent des malversations financières chiffrées en centaines de milliards de Fcfa. La Chambre des Comptes de la Cour Suprême, sous instruction de la présidence de la République, a confirmé ces détournements dans un rapport accablant.
Un Rapport Accablant
La Chambre des Comptes a mené une enquête approfondie sur la gestion financière du PAD. Les résultats sont sans appel : des centaines de milliards de Fcfa ont été détournés, plongeant le PAD dans une dette abyssale de près de 200 milliards de Fcfa. Le rapport, transmis au président Paul Biya, pointe directement la responsabilité de Cyrus Ngo'o dans ces malversations.
Les Scandales Financiers Dévoilés
Parmi les scandales cités, l'affaire PORTSEC se distingue par son ampleur. Plus de 50 milliards de Fcfa destinés à la sécurisation du PAD ont été détournés vers des comptes bancaires en Suisse et au Lichtenstein, avant de finir aux États-Unis. De plus, la gestion calamiteuse de l'entretien du chenal d'accès au PAD et des pieds de quai, malgré 30 milliards de Fcfa dépensés en 2021 pour l'acquisition de deux dragues, a conduit à une congestion majeure du port.
Un autre exemple frappant est la mise en réparation de la drague Chantal Biya depuis novembre 2022 dans un chantier naval au Nigéria pour une durée initiale de cinq mois. Le contrat de base s'élevait à 1,3 milliard de Fcfa, mais un avenant a augmenté ce montant à 1,9 milliard de Fcfa, sans aucune justification valable.
Cyrus Ngo'o et Ferdinand Ngoh Ngoh : Un Duo Protégé
Malgré ces révélations, Cyrus Ngo'o bénéficie d'une protection notable de Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence de la République, surnommé "l'homme à la punk". Les deux hommes sont impliqués dans une procédure criminelle au Tribunal Criminel Spécial (TCS) concernant l'affaire PORTSEC. Cyrus Ngo'o a été convoqué et auditionné à deux reprises, mais les investigations ont été suspendues sous l'influence de Ferdinand Ngoh Ngoh, qui a obtenu du président Biya l'instruction de cesser les poursuites.
Une Résistance à la Justice
Le rapport de la Chambre des Comptes ne fait que confirmer les accusations déjà portées contre Cyrus Ngo'o devant les tribunaux. Cependant, la protection dont il bénéficie complique les efforts pour le traduire en justice. Cette situation rappelle l'affaire Martinez Zogo, où Ferdinand Ngoh Ngoh a également instruit le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, d'arrêter les investigations, même lorsque celles-ci visaient à obtenir l'autorisation d'auditionner le secrétaire général de la présidence.
Un Système Corrompu et Protégé
Ces révélations soulignent la profondeur de la corruption au sein des institutions camerounaises et la difficulté de mener des enquêtes impartiales lorsque des hauts responsables sont impliqués. La protection dont bénéficie Cyrus Ngo'o montre à quel point le système est verrouillé par des alliances et des influences politiques.
Le rapport de la Chambre des Comptes sur les malversations financières au Port Autonome de Douala expose une gestion désastreuse et des détournements massifs de fonds publics. La résistance à la justice de la part de Cyrus Ngo'o, avec le soutien de Ferdinand Ngoh Ngoh, illustre les défis colossaux auxquels le Cameroun est confronté dans sa lutte contre la corruption. Pour restaurer la confiance du public et assurer une gestion transparente des institutions publiques, des mesures strictes et des enquêtes indépendantes sont indispensables.