Organisations internationales, agences privées ou encore organisations de la société civile, la généralisation de la corruption a fait, durant ces derniers mois, l'objet d'une vaste interpellation. Hier, c'était au tour des évêques de tirer la sonnette d'alarme.
« Presque tous les secteurs sont touchés par la corruption et sous son emprise, même au sein de l'Église ». La Conférence Episcopale de Madagascar (CEM), dans son message d'hier, a une fois encore dénoncé la généralisation de la corruption qui, selon les explications, devient une véritable institution. « Cela commence au niveau des responsables les plus proches de la population jusqu'à la plus haute sphère de l'Etat », indiquent les évêques qui révèlent que « souvent, il y a des personnes haut placées et bien fortunées derrière ces cas de corruption ». « La corruption, une des causes de la pauvreté », soutient alors la CEM.
Etat de droit
« Un système anti-corruption a été mis en place mais on ne sait pas pour qui ? », s'interroge la CEM qui regrette que « ceux qui veulent le rejeter et s'y opposer soient soumis à des pressions, des intimidations, des arrestations, ou on invente des raisons pour les persécuter... ils risquent même leur vie ». Les derniers chiffres ont en effet montré que la Grande Île recule et se trouve parmi les pays mal placés dans la lutte contre la corruption. En conséquence, d'après toujours la CEM, le non-respect des lois prend de l'ampleur alors qu'on fait des litanies sur l'Etat de droit. Le 11 avril dernier, la commission épiscopale Justice et Paix de l'Église catholique malgache a dressé un bilan alarmant de la situation qui prévaut actuellement dans le pays. Elle a entre autres poussé un cri d'alarme sur la corruption et le pillage des richesses nationales.
Priorités
Outre le problème de la corruption, la CEM a fait l'autopsie d'une société qui a perdu ses repères. Dans son message, d'autres points ont été ainsi abordés. « Un autre obstacle majeur au développement est la non-mise en oeuvre d'une véritable distribution d'électricité », soulignent les évêques. D'après les explications de la CEM, Madagascar a besoin d'un dirigeant qui connaît et qui accepte de se laisser guider par les besoins du peuple, les priorités. Elle regrette l'absence d'un programme de développement clair. « Des discussions sur ces sujets devraient être abordées même en dehors de la période de campagne », avancent les évêques dans leur message.
Élections
Ils ont en tout cas glissé quelques mots concernant le processus électoral en cours. « L'expression du choix du peuple à travers le vote est le fondement de la souveraineté nationale. Le respect de la loi par tout le monde garantit des élections pour établir un État fiable », ajoute la CEM tout en précisant que « les candidats doivent être dignes de confiance en restant fidèles à leur parole ». Les évêques espèrent néanmoins que les élections se déroulent dans le respect et la paix. En tout cas, les évêques ont touché mot d'autres sujets qui ont marqué les actualités durant ces premiers mois du nouveau mandat du président Andry Rajoelina, comme la polémique sur la loi sur la castration ou encore le planning familial.